Cinq années les séparent, pourtant Léa et Alexis ont bien des points communs : leur origine – Servon-sur-Vilaine – et une passion, la musique, qui transpire de L’Ekcorché et de Flou, leurs associations respectives.

À peine vieille d’un an, l’association L’Ekcorché s’est lancée comme défi de « promouvoir la culture », et en toile de fond, le rock sous toutes ses coutures. Portés par la maison des jeunes de Cesson-Sévigné et de Servon-sur-Vilaine, ce groupe de passionnés a pu organiser évènements et concerts dans, et autour, de l’agglomération Rennaise.

Les assos sortent la boîte à paf

Pour trouver les groupes, rien de plus simple. Des amis musiciens se laissent prendre au jeu et, pierre qui roule amassant la mousse, de nouvelles formations sollicitent l’association pour être programmés. « On met un point d’honneur à ce que les groupes soient payés, et ce malgré nos faibles revenus », pose Léa, vice-présidente de l’Ekcorché. « On fait tourner la boîte à paf (ndlr : cagnotte où les gens peuvent donner pour le groupe), et ça marche pas mal ! »
Les concerts ont souvent lieu dans des bars et le public touché est très divers : « On essaye de viser les plus jeunes, pour leur faire redécouvrir le rock ».

Les Patates Carnivores, concert au bar Le Comptoir à Châteaubourg

La vie associative a fait changer ses plans à Léa, qui pense désormais orienter ses études vers ce nouvel univers, découvert au détour d’une passion très formatrice.

Flou, la tempête électro

La vision d’Alexis, président de Flou, est tout aussi nette : l’univers associatif fait partie intégrante de sa vie. Issus d’horizons universitaires complémentaires (communication, comptabilité, évènementiel, etc), les membres de l’association ont tous un rôle à jouer : « Flou, c’est une complémentarité ». Dans l’association, un mot d’ordre: la franchise. Les membres se disent tout, pour éviter les mauvaises surprises, si bien qu’ils s’en sont fait un surnom : la « Flou Family ».
Au départ c’était juste l’histoire d’amis d’enfance. L’idée leur est venue en trainant à la MJC de Servon-sur-Vilaine : « pourquoi ne pas ramener chez nous les soirées que l’on trouve à Rennes ? » De fil en aiguille, Flou s’est fait un nom chez les programmateurs d’électro rennaise et leurs soirées « Storm » attirent toujours plus de monde.

L’association est là pour promouvoir la « culture musicale électronique », par des prestations auditives, mais aussi visuelles (création de décors, prestation scénique). Enfin, les membres de Flou sont aussi des artistes, à l’image d’Alexis aka Brender, qui mixe de la house et du funk. Mais si elle se produit elle-même, l’association n’oublie pas de mélanger la scène locale avec des artistes renommés, comme par exemple Yan Cook.

Amentia, Storm N°2

« Ce qu’il y a de bien avec Rennes, c’est que les gens sont curieux »

L’Ekcorché et Flou l’affirment à l’unisson : peu importe l’événement créé, et peu importe l’âge, le public sera toujours au rendez-vous. « Rennes a toujours eu cette réputation de ville rock ». Et la relève des programmateurs de saluer cette « ancienne jeunesse » qui continue encore aujourd’hui à bien envoyer sur scène ; mais ils préviennent, un sourire aux lèvres : « la nouvelle se bouge bien ».
Échos de la nouvelle scène musicale rennaise, les deux associations renvoient également au boum associatif de leur petit bourg, à l’image de G2C, organisatrice du Emgav festival.

Emgav festival, par l’association G2C

L’Ekcorché et Flou restent très récents, mais espèrent déjà inspirer les générations futures. « Voir des associations se développer sur Servon-sur-Vilaine, c’est envoyer un message : c’est possible, tout le monde peut le faire. »
Grâce à ses évènements, ces jeunes gens très modernes ont amené Servon-sur-Vilaine à Rennes. Prochain objectif ? Ramener Rennes à Servon-sur-Vilaine !

Quentin Aubrée

Pour suivre les deux associations :

Ekcorché ; prochain évenement le 16 juin ici sur facebook

Flou ; prochain événement le 21 juin pour la fête de la musique ici sur facebook

L’histoire du musicien originaire d’Amiens avec le TNB promet de s’écrire au-delà des classiques partitions. Faux dilettante et touche-à-tout, sieur Albin est familier des performances et réalise aussi des films fantômes.

« Chuis un peu intimidé. En gros, j’vais parler d’moi. A l’heure actuelle, je suis auteur, compositeur, interprète. Chanteur quoi ! » Pantalon vert batracien, cheveux en bataille et yeux pétillants, Albin l’Eleu de la Simone n’a pas son pareil pour mettre son auditoire dans la poche, en l’occurrence l’équipe du TNB. « J’allais pas prendre un pseudo alors que mon nom ressemble à un pseudo. » La veille, il s’est produit à Mythos où il a joué « L’Un de nous » son nouvel album tout juste paru (le cinquième depuis 2003).

Déjà deux décennies d’activité pour l’artiste de 46 ans qui est aussi compositeur, arrangeur, accompagnateur pour des dizaines d’autres : Vanessa Paradis, Dick Annegarn, Jeanne Cherhal, Miossec, Jean-Louis Murat, Vincent Delerm, Jean-Louis Aubert, Alain Souchon, Raphael, Brigitte, Keren Ann, Salif Keita, Angélique Kidjo, Shaka Ponk, Iggy Pop… « J’ai essayé de rester moi-même avec des projets qui me ressemblent … ou pas. »

En roues libres

« Mon père était musicien amateur, clarinettiste de jazz New-Orleans. Moi je voulais être musicien de jazz contemporain. » Objecteur de conscience au Label Bleu d’Amiens, il retranscrit les partitions d’Henri Texier, Michel Portal. Le pianiste de formation s’est « vraiment imaginé jazzman ». Mais bientôt, il éprouve un « besoin de liberté », les textes lui manquent. Il rencontre Katerine, M, Mathieu Boogaerts, Arthur H… et à 30 ans il écrit sa première chanson. « Mais je suis laborieux dans l’écriture. Je ne sors que les chansons que j’ai réussi à finir. Et je m’intéresse à d’autres disciplines moins codées, la chanson étant régie par une industrie qui vend des objets, même si ça ne m’a jamais conditionné dans mon travail. »

S’il confie qu ‘il se produira au TNB en duo avec Keren Ann lors du festival Mettre en Scène en novembre, ce sont aussi d’autres projets (incertains) qui l’amènent ici. « A Orléans, Arthur [Nauzyciel] m’avait invité pour des lectures d’Allen Ginsberg. Il voyait en moi une bizarrerie qui me reliait à lui. C’est vrai que j’adore parler de jambes coupées, de drogues dures… A chaque concert, je reprends une chanson étrange. Sans lien apparent avec mon répertoire, ça fait pourtant partie de ma culture. »

Arthur Nauzyciel, directeur du TNB

Pas étonnant qu’Albin de la Simone ait inventé les Films Fantômes. « Entre exposition, concert et spectacle, on raconte aux spectateurs une dizaine de films que j’ai inventés. Ma filmothèque idéale, en quelque sorte : de l’auteur français au blockbuster américain en passant par La Chèvre. Par l’oreille, on se fait des images. Les élèves de l’école d’arts plastiques où j’ai étudié à Tournai (Belgique) ont d’ailleurs imaginé des œuvres à partir de ces films. » Albin apprécie les grands écarts où pointent les passerelles. « Secouer, bousculer. Aller où l’on n’est pas habitué à aller. Initier des projets ou en attraper d’autres qui sont en recherche de développement. Car on a du mal à décloisonner. »

Eric Prévert

Artiste associée au nouveau TNB d’Arthur Nauzyciel, Keren Ann va allumer des feux follets folk et éclairer l’équipement rennais sous un jour nouveau pendant trois ans. Rencontre avec une grande dame amoureuse de la vie, même si cette dernière est pleine de virages mélancoliques.

Si Keren Ann était architecte ou urbaniste, sa première décision serait sans doute de détruire la Tour de Babel, ce monument biblique qui divisa les hommes pour les punir et installa l’incompréhension sur Terre. Une chose impensable pour l’auteure, compositrice et chanteuse née dans un melting pot aussi profond que son âme mélancolique. C’est dans ce creuset qu’elle a toujours, dit-elle, récolté l’argile de ses créations. L’auteur de « La Disparition » ne tarde d’ailleurs pas à revenir aux origines, comme si celles-ci éclairaient son parcours, à la lueur fragile d’une chandelle.

Les souvenirs remontent doucement, la silencieuse Keren Ann s’anime. La silhouette est plutôt fluette, mais la voix, même si posée, force le respect. Toute de noir vêtue, la quadragénaire évoque « sa mère néerlandaise au sang javanais » ; « son père d’origine juive polonaise » ; sa propre vie de « Française née à Césarée », en Israël, un jour de 1974. « La famille de ma mère était profondément catholique. Celle de mon père était juive, et a été déportée. » La flamme de la bougie vacille : « Pendant la guerre, mes grands parents maternels ont hébergé une famille juive. Les membres de cette dernière ont été tués devant ma mère, qui s’est toujours sentie redevable envers la communauté israélite. » Tout un symbole, c’est à Paris, la capitale du monde, que ses parents se rencontreront. « Ma mère y a vu un signe… »

Leonard Cohen, Sylvia Plath et la Shoah

Ce signe guide-t-il encore les songes et le songwriting de Keren Ann ? « La musique folk est le son de la mélancolie », pose-t-elle comme une réponse. Entre deux concerts donnés à Mythos, elle a pris le temps de venir rencontrer l’équipe du TNB, qu’elle fréquentera trois ans durant. « Je suis actuellement en studio pour l’enregistrement d’une musique de film », pose-t-elle, avant d’expédier la partie la mieux connue de son CV : « Je suis auteure, compositrice, chanteuse. J’ai déjà réalisé 7 albums solos, plus quelques autres pour des artistes. Des musiques de film, de pièces de théâtre, aussi, ainsi qu’un opéra pour Arthur Nauzyciel, le directeur du TNB qui m’accueille. » Ses muses musicales ne sont pas très difficiles à trouver, elles coulent de source folk : « Joni Mitchell et Patti Smith, Leonard Cohen et Bruce Springsteen, Lee Hazlewood et Bob Dylan… » Mais ce serait trop simple, et le cœur de Keren Ann bat aussi au rythme du jazz poétique de Chet Baker et de Billie Holiday. Ou de la prose « beat generation » d’Allen Ginsberg, une passion partagée avec Arthur Nauzyciel concernant l’auteur de « Kaddish and other poems. »

En solo, à six, ou accompagnée par un orchestre philharmonique, la chanteuse folk n’hésite pas non plus à briser les formats pour échapper à la routine, à l’image de « son dernier concert donné à l’Olympia avec un ensemble à cordes. » C’est que, seule sur scène ou noyée dans une foule musicienne, Keren Ann envisage toujours l’unisson, à l’horizon du monde.

Keren Ann ft. Raasha en concert à l’Olympia, 2016

« Tout est lié »

« Tout est lié », éclaire-t-elle : par exemple, la poésie romantique de Sylvia Plath ou d’Emily Dickinson, et la mélancolie folk. « Bob Dylan reste le plus grand, affirme-t-elle. C’est lui qui m’a appris à marcher et à aimer. Tout ce qui m’est arrivé dans ma carrière de musicienne, c’est grâce à lui. » Y compris l’invitation lancée par Arthur Nauzyciel de venir habiter le TNB ? « Sa proposition m’a fait sauter au plafond, s’enthousiasme-t-elle. Le voir créer et diriger m’a inspiré sur tellement de choses. »

Arthur Nauzyciel, directeur du TNB

Est-ce une ombre ou est-ce un ange ? Une lueur passe dans les yeux de Keren Ann. La musicienne revient à son histoire personnelle, où s’est construit son intérêt pour le « communautaire » et le « minoritaire », avant d’évoquer papa et « son goût immodéré pour les crooners », et maman, « fan de Françoise Hardy et Henry Salvador. » Est-ce-un autre signe ? Keren Ann a collaboré avec ce dernier.

« J’ai eu ma première guitare a 9 ans, aujourd’hui j’en possède 22 », sourit-elle avant de nous parler d’une autre passion, pour la bossa nova cette fois. « Gilberto Gil ou Gaetano Veloso font partie d’une autre diaspora. J’ai l’impression d’avoir compris leurs intentions sans même connaître leur langue. J’aime la mélancolie légère de ces raconteurs d’amour. » Raconter l’amour… « Au début, je voulais simplement écrire des chansons. Je ne savais pas que j’étais chanteuse et j’ai d’ailleurs mis longtemps à comprendre ma voix. Pour ma part, j’apprécie surtout celles qui racontent, ou qui crient. » Nouvelle résidente du TNB, elle ne devrait pas mettre trop de temps à trouver sa voie et à mettre du liant dans l’écrin rennais du théâtre et de la danse.

Jean-Baptiste Gandon  

 

 

CHANSONS DÉNUDÉES ET OPÉRA GOTHIQUE

La « liste des projets » pensée par Keren Ann pour le TNB n’est pas encore établie, mais quelques pistes existent, ainsi que de furieuses envies. Morceaux choisis :

Solo folk: « J’ai rarement tourné en solo, avec ma guitare. Ce concert de ‘chansons dénudées’ permettra au public de mieux appréhender mon univers. »

En voiture avec De la Simone : « Albin est un collaborateur de longue date. Nous voudrions faire quelque chose dans un lieu peut-être moins attendu qu’une scène. Pourquoi pas dans le hall du TNB ? »

Red Waters : « Red waters » (2003) correspond au premier plongeon de Keren Ann dans le monde de l’opéra. En collaboration avec Bardi Johannsson, du groupe islandais Bang Gang, et sous le nom de Lady & Bird, elle a co-signé le livret et la musique de cet opéra gothique mis en scène par Arthur Nauzyciel. « J’aimerais si possible le monter avec des artistes locaux, afin de le faire vivre le plus longtemps possible. »

Hip-hop optimiste : « J’ai envie de mettre en place un projet autour du rap avec un groupe d’adolescents. » Au menu, de probables collaborations avec Raashan Ahmad, rappeur américain passé maître dans l’art de mettre de la couleur le noir, et Kate Tempest, la slameuse européenne. « Le rap peut être à la fois engagé et tendre, fort et éducatif. J’espère que nous réussirons à mélanger folk et hip-hop, slam et guitare acoustique. »

France – Israël : « ma culture est partagée, elle est à la fois francophile et forgée dans l’histoire de la Shoah », explique Keren Ann. Dans le cadre de l’année croisée entre France et Israël, en 2018, elle pense notamment inviter Schlomi Shaban, songwritter israélien, et Dory Manor, traducteur en Hébreu des poèmes de Baudelaire et de Verlaine.

Keren Ann… de Bretagne. À venir, une collaboration avec l’Orchestre Symphonique de Bretagne.

Énigmatiques icônes. « J’aimerais finir sur une création liée à une histoire mystérieuse et passionnante : celle d’Ecclesia et Synagoga. Ces deux femmes sont notamment représentées par des statues dans la cathédrale de Strasbourg. L’une porte une couronne, l’autre a les yeux bandés…» Entre les deux, un troisième personnage mécanique serait mu par un drone. « Est-ce l’homme qui leur a brisé le cœur ? Est-ce Dieu ? Ce troisième homme porte en lui quelque chose de robotique et d’inhumain. » Un drôle de Deus ex machina en perspective.

« Le French Miracle Tour est un projet unique en son genre, un étendard singulier et au final l’un des meilleurs moyens pour promouvoir la marque France. » C’est avec ces mots qu’Ismaël Lefeuvre, coproducteur de l’événement, décrit ce festival si singulier.

« Si je trouve le tube, je suis prêt« , Ismaël Lefeuvre semble armé pour l’avenir. Pour l’avenir, car le présent ne semble pas l’avoir compris : « Pour qu’il y ait de la musique, il faut d’abord un modèle économique. Or, celui-ci a énormément évolué. » Cet entrepreneur a pris les devants du modèle économique européen et s’est intéressé au système asiatique : « j’ai pris des parts dans la société numérique I replay. En gros, l’idée est de créer des chaînes de télévision pour le web. Aujourd’hui, pour chaque concert en Chine, ce sont entre 2 et 3 millions de personnes touchées en live streaming. Ce pays a anticipé la musique de demain. Que l’on parle de l’accueil du public, de la taille des festivals ou de la modernité des hubs professionnels, nous sommes tout simplement dans une autre dimension. »
Cependant, Ismaël Lefeuvre n’en oublie pas la scène européenne et française : « nous pouvons nous prévaloir d’une expertise et d’un réseau sans équivalent en France, et nous sommes d’ailleurs régulièrement approchés, on s’intéresse de plus en plus à nous. » Alors qui sait à quoi la musique de demain ressemblera ? Personne.. Sauf peut-être  Ismaël Lefeuvre.
En attendant, nous pouvons profiter du présent, et plus exactement du 27 avril au 16 mai. C’est la période durant laquelle des groupes français ont pour mission de faire se rencontrer la scène musicale française et les publics d’Asie.

 

Deux groupes ont rapprochés l’Armorique de l’Asie en quelques notes de musiques : Totorro et Manceau

Totorro est un groupe unique, difficile à catégoriser, qui offre des repères, certes, mais des sensations et des émotions qu’on n’a jamais assemblées de cette façon. Une musique instrumentale qui en dit long, où chaque épisode raconte des choses qui rendent les mots inutiles. Pas de chanteur, on observe les deux guitaristes (Christophe Le Flohic et Jonathan Siche), le bassiste (Xavier Rose), et le batteur (Bertrand James). Tout s’imbrique à la perfection. Ils ont passé des heures et des heures ensemble et ça se sent. L’union fait la force.

Certains qualifient sa musique de math-rock, pour exprimer une certaine complexité dans la structure des évènements, mais les morceaux se vivent comme des histoires racontées… finalement assez éloignées des maths !

C’est en 2010 que les quatre musiciens de Manceau se révèlent au monde grâce à un premier EP remarqué et remarquable. Deux ans plus tard, le quartet décide de passer le cap du premier album.
Entouré de Xavier Boyer et Pedro Resende de Tahiti 80, Manceau brode « Life Trafic Jam » qui sort sur son propre label Monophonics. Si le disque leur ouvre les portes de grands festivals français (Transmusicales, Printemps de Bourges, Main Square, Francofolies…), c’est jusqu’au Japon que la musique de Manceau voyage. Sorti là-bas chez JVC, l’album connaitra un joli succès qui marque le début d’une relation privilégiée avec le continent asiatique. C’est en 2010 que les quatre musiciens de Manceau se révèlent au monde grâce à un premier EP remarqué et remarquable. 

Deux ans plus tard, le quartet décide de passer le cap du premier album. Entouré de Xavier Boyer et Pedro Resende de Tahiti 80, Manceau brode « Life Trafic Jam » qui sort sur son propre label Monophonics. Si le disque leur ouvre les portes de grands festivals français (Transmusicales, Printemps de Bourges, Main Square, Francofolies…), c’est jusqu’au Japon que la musique de Manceau voyage. Sorti là-bas chez JVC, l’album connaitra un joli succès qui marque le début d’une relation privilégiée avec le continent asiatique.

 

Deux phénomènes sur les scènes de l’Orient

Il a le profil d’un rappeur américain, aligne les punch-lines savoureuses en anglais avec aisance, mais il est français.
KillASon, aka Marcus Dossavi Gourdot, jeune homme talentueux de 22 ans d’origine béninoise, est en passe de devenir l’un des artistes les plus complets de la scène hip hop.
Rappeur, beatmaker, danseur, cet artiste à 360° a trouvé dans le hip hop un écosystème à la hauteur de son talent. Son style ne s’impose pas de barrière, ses ambitions n’ont pas de frontière.

« The Rize », son premier EP de 9 titres sorti en janvier 2016, ne ressemble à rien de ce qui se fait dans le game du rap tricolore. Il est inventif, fantasque, extravagant, en forme de kaléidoscope musical, mêlant le meilleur du hip hop, de l’électro et de la pop.
Gagnant du prix Discovery au Festival Nördik Impakt 2015, artiste du FAIR 2017, Talent Adami 2017, les Bars en Transe, le Printemps de Bourges, le Dour Festival, Rock en Scène, les Vieilles Charrues, et la liste est longue, KillASon enchaine les tournées, laissant sa trace sur toutes les scènes.
KillASon est indéniablement un sacré performer.

Depuis 2007, Yelle scintille sur la scène electro-pop. Avec une intuition avant-gardiste pour les tendances et la culture pop, ses albums ainsi que ses innombrables concerts et festivals aux quatre coins du monde, font rayonner ses mélodies et ses chansons en français à l’échelle mondiale.
Peu d’artistes aujourd’hui peuvent se prévaloir d’avoir à ce point réussi à transcender toute barrière linguistique sans jamais renier ce qui les constitues. A savoir pour Yelle : l’innocence, le fun et l’audace. Et tout ça en français.

“I don’t know what you mean but it means a lot to me” le gimmick de sa chanson «L’Amour Parfait» sortie en 2013 résume assez parfaitement ce je ne sais quoi qui rend Yelle si singulière.

Pour voir le reste de l’aventure French Miracle Tour, rendez-vous sur la chaine Youtube de : French Miracle Tour

French Miracle Tour, 27 avril au 16 mai 2017 ; http://www.frenchmiracle.com/ ; http://www.fipradio.fr/actualites/cap-sur-l-asie-avec-le-french-miracle-tour-27986

Fidèle à ses bonnes habitudes, le festival Big Love pose ses platines dans le centre ville de Rennes, dont il investit les lieux les plus insolites pendant trois jours. L’occasion, pour les amateurs, de se mettre à l’aise avec le meilleur de la house.

« Our house, in the middle of the street ! » Pour paraphraser Madness, le célèbre groupe ska british, la house music sera au milieu des rues de Rennes pendant un long weekend, à l’occasion de la 3e édition de Big Love. Dans les rues du centre ville, mais aussi dans ses parcs et bien sûr, aussi, sur scène.
« Le mode d’emploi de Big love est toujours le même, pose Luc Donnard, première pince de l’association Crab Cake corporation. L’idée est de proposer un parcours de découverte : de la musique bien sûr, mais aussi de la ville. » En toile de fond : l’envie de créer des affinités électro avec de nouveaux publics. « Un festival, ce n’est pas forcément une grosse teuf pour les 18-25 ans. » Pour joindre le geste à la parole, Big love réfléchit avec l’office de tourisme Destination Rennes à un « weekend global de découverte » invitant à suivre également d’autres sillons que ceux des platines de DJ.

Franche Touche

L’ouverture du festival ne se fera pas en fanfare, mais en symphonie : « quelques musiciens de l’Orchestre de Bretagne épaulés par un DJ vont reprendre des standards de la musique électro des 1990’s, dans la cour de l’Institut Franco-Américain. » Au menu : Aphex Twin, Pantha du Prince, Rone, et Frankie Knuckles. « Pour l’anecdote, le terme « house » vient de Frankie Knuckles, à l’époque où il était DJ au Warehouse, le club qu’il a lui-même créé à Chicago. » La transition du vendredi au samedi sera longue à l’Ubu, ou Fort Romeau et la mascotte de Big Love Job Jobse oseront la house jusqu’au bout de la nuit.

Job Jobse

Faute de pouvoir disposer de la salle de la Cité, la « grosse soirée » du samedi aura lieu dans un lieu pour l’heure tenu secret. Les grosses pointures ? Le Lusitanien Trikk et ses sons tribaux ; l’Anglais Midland et ses grands écarts entre disco et techno ; le collectif cold Honey sound system… L’après-midi aura auparavant vu deux DJ allemands arroser le dance floor du côté du jardin de la Confluence.

Midland

Le final aura enfin lieu square de la Touche, où s’invitera également le Marché à manger, avec 8 chefs derrière le piano à maître queux. L’occasion de déguster un DJeuner en compagnie de la Rennaise Gigsta et du Suédois Mister Top Hat. Pour le dessert ? Le vieux de la vieille Superpitcher et son set « hyppie dance » généreusement étalé sur quatre heures. La morale de l’histoire : Big (love) is beautiful.

 

Big Love #3, les 9, 10 et 11 juin, Institut Franco-Américain, Ubu, Jardin de la confluence… www.biglove.fr ; www.crabcakecorporation.com ; @crabcakecorpfr ; @biglovebyccc

Jean-Baptiste Gandon

Petit nouveau dans la famille des festivals de musique rennais, le Made festival n’a eu besoin que d’une édition pour mettre la ville et le parc des expositions sens dessus dessous. La place est encore chaude que la 2e édition se profile déjà à l’horizon, avec toujours, une programmation house et techno à la pointe… des platines de DJ. 

 

En mai, fais ce qu’il te plait, mais surtout, vas au Made. Sage et un peu folle en même temps, la devise du festival rennais sera de nouveau à la mode pendant trois longues nuits de fête et de musique. À peine remis de la première édition, Rémy Gourlaouen prend tout de même le temps de regarder dans le rétro : « le Made est parvenu à fédérer les associations rennaises, une dizaine en tout. Au Hameau sur le mail François Mitterrand, à l’Hôtel Pasteur, au parc des Gayeulles ou au Parc des expositions, les concerts ont pour la plupart affiché complet. »

« Programmer des artistes jamais venus à Rennes »

Rennais « à 95 % », le public a pu constater que le Made propose ni plus ni moins le meilleur de la musique house et techno. « La 2e édition approche et l’on constate un intérêt croissant de la part du public extérieur, parisien notamment. » Cette année, ces derniers pourront notamment profiter de deux soirées au parc des expositions, la nef des fous de l’électro à danser, ou encore de concerts programmés dans des lieux inattendus, comme les cartoucheries de la Courrouze. « Notre idée est de programmer des artistes jamais venus à Rennes, ou alors pas venus depuis longtemps. »

Made in Rennes

À l’affiche, une soixantaine d’artistes venus des quatre vents. Parmi eux, la star mondiale Maceo Plex ; Robert Hood, pionnier historique de la techno de Détroit, par ailleurs créateur d’Undergound Resistance ; quant au dinosaure britannique de la techno Luke Slater, certains « vieux » rennais ne peuvent avoir oublier son passage aux célèbres soirées Planètes des TransMusicales. Des révélations en marche ? « L’Allemande Helena Hauff donnera son premier concert à Rennes, l’occasion de découvrir sa musique métissée, entre new wave, electro body music belge et techno indus ; je citerai aussi le Bulgare Kink, dont le show a tout simplement été élu « meilleur live au monde » par les lecteurs de Resident advisor… »


Pour finir par les agités du local, on guettera le live des rennais de Cats soiled, issus de la mouvance Chevreuil.
« À l’avenir, le Made aimerait multiplier les concerts en live avec des vrais groupes (par opposition au set de DJ, ndlr) », conclut Rémy Gourlaouen, le programmateur d’un festival non pas French touch, mais néanmoins Made in Rennes.

Made festival, du 18 au 21 mai, + de 70 artistes programmés, au parc des expositions et 12 autres lieux. www.made-festival.fr

Le Festival Jazz à l’Etage propose pour sa huitième édition une programmation éclectique qui contente à la fois les amateurs de jazz et le grand public. Un rendez-vous musical à ne pas manquer à Rennes et Saint-Malo.

Un jazz inspiré par le métissage

Mélanger les stars du jazz d’aujourd’hui avec les nouveaux talents de la scène jazz, venus du grand d’ouest ou d’ailleurs, c’est le pari que s’est lancé le festival Jazz à l’Etage. Et la huitième édition ne change pas de partition avec une programmation très éclectique

« L’idée du festival c’est de faire venir des artistes internationaux et les stars du jazz de demain » explique Yann Martin Directeur artistique de Jazz à l’Etage. « Nous invitons de nouveaux artistes qui sortent du code traditionnel du jazz, des musiciens qui viennent de partout : d’Israël, d’Arménie, de Belgique des USA, de France… Leur source d’inspiration c’est le métissage, un jazz est souvent plus accessible au grand public ».

« Rajeunir le public traditionnel du jazz »

« Le parrain des premières éditions était le contrebassiste Avishai Cohen qui a très clairement modifié dans l’esprit du public la perception du jazz » ajoute Yann Martin, également producteur d’artistes de jazz. « Il est en effet aussi proche de la pop, que de la chanson de la musique traditionnelle ou encore du jazz new-yorkais. Un mélange de différentes influences qui permet de rajeunir le public traditionnel du jazz ».

Le festival est aussi l’occasion pour les artistes de la scène bretonne et du grand Ouest de croiser des musiciens internationaux invités chaque année sur la scène de l’Etage et dans d’autres lieux culturels à Rennes et Saint-Malo.

Le Quartier Général du festival est installé à l’Etage, d’où son nom. Cette salle de spectacle, située au cœur de Rennes dans le Liberté, accueille aussi pendant le festival des concerts plus informels dans l’espace bar. Jazz à l’Etage s’invite également dans les médiathèques de Rennes Métropole, aux Champs Libres ainsi qu’à L’Ecomusée.

Le festival Big Love a été imaginé en 2015 par Crabe Cake Corporation, une association qui organise depuis plusieurs années des soirées et des évènements festifs à Rennes et Saint-Malo. Ce collectif artistique qui regroupe DJ’s, graphistes et passionnés de cultures électroniques, a voulu créer un format d’événement différent, une fête joyeuse qui s’étire sur un long week-end, du vendredi au dimanche.

Décloisonner le temps et l’espace en faisant la fête

Le concept de Big Love est simple : faire la fête dans des espaces inattendus à des moments de la journée différents. « L’objectif est de décloisonner la musique électronique, de s’ouvrir à d’autres publics en sortant du monde de la nuit et des clubs. Les gens viennent simplement pour être séduits et s’amuser » explique Luc Donnard Directeur artistique et fondateur de Crabe Cake Corporation.

Un festival pas comme les autres qui n’a rien d’un marathon. Luc préfère d’ailleurs le terme de « micro-festival ». « C’est un parcours dans la ville, il n’y a qu’une seule scène à chaque fois et on ne rate rien ». Sur les 3 jours, les organisateurs ménagent aussi des pauses, des temps de repos pour recharger les batteries et encore mieux profiter des bonnes vibrations.

« Retrouvons-nous dans un parc, dansons ensemble et buvons un coup »

Comme son nom le suggère, Big Love est un cocktail de bonne humeur et de convivialité. « On souhaite véhiculer de bonnes énergies. Le message c’est « dansons ensemble et partageons quelque chose de positif ». Beaucoup de gens ont ce désir assez simple. D’où le nom totalement assumé de Big Love. Sans doute un peu utopique, mais on en a besoin et la fête est un vecteur privilégié pour y arriver» affirme Luc Donnard.
Et quitte à faire la fête, autant choisir des endroits magnifiques comme les parcs et jardins de Rennes ou des monuments historiques. La cour du Parlement de Bretagne par exemple dans laquelle s’ouvre Big Love 2.

« S’inspirer des lieux pour mieux les sublimer »

L’idée d’organiser des concerts électros dans des lieux de patrimoine est venue assez naturellement. Avant de bifurquer vers l’organisation d’événements culturels, le fondateur de Crabe Cake Coporation a suivi des études en urbanisme à Rennes. Son mémoire de maîtrise sur la reconversion des friches industrielles en lieux culturels l’a inspiré pour creuser le sujet de l’occupation festive de l’espace public, notamment lorsqu’il travaillait pour le Festival Nuits Blanches à Paris.

Et à Rennes ce ne sont pas les lieux qui manquent. « L’idée c’est de partager quelque chose de positif dans un lieu qui appartient à tout le monde » détaille Luc Donnard. « La gratuité des concerts dans les parcs sert aussi à ouvrir la musique électronique à ceux qui ne la connaissent pas encore ». Et c’est un bon moyen de découvrir la ville et son riche patrimoine naturel et historique.

« On aime bien créer un univers féérique »

Pour accueillir le public dans ces lieux étonnants, l’équipe « s’inspire des lieux pour mieux les sublimer », comme dans le Parc Oberthür, les jardins du Palais Saint-Georges en 2015 ou le Parc des Tanneurs, le jardin Saint-Cyr et la Cour du Parlement de Bretagne pour l’édition 2016. « On aime bien créer un univers féérique avec beaucoup de guirlandes et de vielles ampoules en collaboration avec le collectif de décoration et de scénographie Zarmine qui travaille aussi pour les Trans’ ».

Le mélange des genres avec des artistes électroniques installés dans des jardins ou des lieux de patrimoine, c’est ce qui rend Big Love aussi particulier. Luc Donnard se souvient d’ailleurs avec émotion du final de la première édition au Parc Oberthür. « Une averse avait un peu refroidi nos ardeurs dans l’après-midi mais les gens sont finalement revenus le soir pour le final » raconte Luc Donnard. « Il s’est clôturé avec Job Jobse sur une version culte de La Vie en rose de Grace Jones, un instant magique ! »

Apôtres d’une pop volontiers épique, les six membres de Bumpkin Island cultivent un jardin secret où poussent des fleurs venues de tous les horizons musicaux. Ce groupe aux allures de collectif quittera bientôt « l’île aux ploucs » pour présenter son 2ème album « All Was Bright » au reste du monde.

Quand Bumpkin Island a enregistré les dix morceaux de « Ten Thousand Nights », en 2011, ces derniers n’étaient pas sensés descendre du grenier pour aller défendre leurs droits sur la scène des salles de concerts. Guitariste du groupe, Vincent confirme : « ces compositions ont été écrites pour le studio, du coup, nous ne nous sommes imposés aucune limite« , pose-t-il, le sourire en coin.

A l’origine longue de 35 minutes, « Ten Thousang Nights« , l’ultime chanson de l’album éponyme, empile donc les nappes sonores comme autant de couches d’ambiance. mixé par l’ingénieur du son de Sigur Ros, l’une des muses du groupe, le résultat final est tout simplement impressionnant, et l’on se dit que Bumpkin Island a largement gagné sa place dans notre discothèque, quelque part entre Arcade Fire et Radiohead.

Un temps sensible aux sirènes de la renommée, le groupe a rapidement cessé de compter les « likes » sur les réseaux sociaux et les étoiles dans les magazines spécialisés. « Nous avons porté beaucoup trop d’attention au mode d’emploi, pour que ça marche absolument. Nous ne pensons plus du tout à ça. Si notre musique doit arriver aux oreilles du plus grand nombre, ce sera uniquement par sa qualité« . La voilure de Bumpkin Island a été réduite de 9 à 6 membres, mais le groupe a continué de faire ses devoirs : deux e.p intitulés « Homeworks » sont sortis, « un peu plus électroniques que Ten Thousand Nights, et fruits d’un travail de composition collective. » Ces « devoirs faits à la maison » sont naturellement à l’image des horizons multiples des six Robinson : jazz, pop, rock, folk.. Une chose est sûre, le son est bien appris. Bien sûr, les membres de Bumpkin Island ont des goûts en commun : Sufjan Stevens, The National, PJ Harvey, mais sont trop fureteurs pour se contenter de cet héritage. Vincent à la guitare modeste, soulignant au passage l’aide précieuse des Disque Normal et de Patchrock, qui « leur enlèvent un poids« . Au fait, pourquoi Bumpkin Island ? « Cela vient d’un caillou au large de Boston, cela signifie l’île aux ploucs. » Si tous les ploucs pouvaient être comme ça..

Retrouvez Bumpkin Island sur leur facebook, mais aussi sur Bumpkinisland.bandcamp.com et Bumpkin-island.fr

Rennes se prépare à accueillir l’opéra Carmen, qui sera retransmis sur grands écrans le 8 juin. En avant-première, 1200 enfants ont bénéficié de concerts scolaires. Pour s’initier à l’opéra et avoir envie d’y revenir.

« Carmen, elle est très belle !  » : ils sont plusieurs élèves de l’école de Montgermont à en convenir, ce vendredi après-midi de mars. Les élèves de CE2 viennent d’assister à un concert spécial, reprenant les grands airs du célèbre opéra de Bizet.  Six solistes, dont la belle Carmen, se sont prêtés au jeu, sans fioriture, ni décor. Mais accompagnés par l’Orchestre symphonique de Bretagne.

1h 15 de concert, comme une histoire racontée. Après une entrée en matière très rapide qui amène les enfants au coeur de l’Andalousie, Julie Robard-Gendre arrive sur scène. Tout de noir vêtue, majestueuse, la chanteuse mezzo-soprano entame « l’amour est enfant de bohème ». Les 450 bambins, âgés de 7 à 10 ans sont tout à son écoute.

A deux reprises, les enfants sont invités à chanter : la « garde montante » et « toréador », chansons qu’ils avaient apprises en classe avant le grand jour. Des moments forts pour ces mélomanes en herbe, et certainement très formateurs. Pour démocratiser l’opéra, « nous misons entre autre sur les enfants  » explique Marion Etienne, responsable de l’action culturelle, « car on sait qu’il sera plus facile pour les adultes de demain de venir à l’opéra s’ils y sont venus étant enfant ».

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Le présentateur profite de chaque pause pour expliquer les différentes sonorités de voix. « Là, on va entendre un baryton, il va se battre au couteau avec Don José ». Vives réactions dans la salle !

Dire que le public est très attentif pendant toute la durée du concert serait un peu exagéré. À certains moments, les jambes gigotent, ou les regards se portent vers le somptueux plafond de l’Opéra. Mais au fur et à mesure que la tragédie se fait sentir, les têtes se tournent à nouveau exclusivement vers la scène. Les petites guibolles se calment, les yeux (et les oreilles) restent grands ouverts…jusqu’à la scène finale.

Exceptionnellement Julie Robard-Gendre descend dans le public pour quelques photos. La cantatrice est ravie de ces concerts avec les jeunes  : « C’est très agréable de chanter devant un public scolaire, car les enfants ont une écoute très franche. Ils sont hyper attentifs et présents ».

En attendant Carmen

Carmen sera joué à l’opéra de Rennes le 30 mai, le 1er, 3, 6 et 8 juin ( avec retransmissions).
Pour en savoir plus, répéter les chants, ou acheter des billets, rendez-vous sur le site de l’opéra de Rennes

Nul n’est prophète en son pays et il faut venir à Rennes pour rencontrer le spécialiste des musiques traditionnelles mongoles. Ne cherchez pas sa yourte, posée quelque part au milieu de la Prévalaye, Johanni Curtet habite dans un appartement, et c’est un peu par accident que le Manceau s’est retrouvé au beau milieu des steppes de l’Altaï.

Racontée par le principal intéressé, l’histoire est même drôle : « J’ai d’abord voulu faire du rock, comme guitariste et comme chanteur, mais mes amis m’ont supplié de lâcher le micro. Je me suis alors transformé en human beat box, mais cela agaçait ma mère. »
Jamais deux sans trois ! « Et puis, je suis tombé par hasard sur une démonstration de chant diphonique à la TV. J’ai été fasciné par Tran Quang Hai, qui réussissait à faire deux notes en même temps avec sa bouche. J’ai voulu l’imiter. »
Johanni Curtet entame des études de musicologie à Rennes 2, et inaugure à partir de 2004, une longue série d’allers-retours entre Rennes et Oulan Bator. « Là-bas, j’ai travaillé avec des maitres du chant diphonique, mais au-delà, je voulais apprendre leur langue, leur culture. »
Également membre du groupe Meïkhâneh, le diphoneur soutient sa thèse consacrée au chant traditionnel khöömi en 2013, puis passe à l’enseignement.
« J’interviens depuis 8 ans à l’Université Rennes 2 ou à la Cité de la musique. J’avoue que je suis de plus en plus sollicité : par les associations françaises ou les festivals, pour donner des cours ou des conférences, ça n’arrête pas ! »

Nomindari Shagdarsüren, alter ego de Johanni Curtet © Tran Quang Hai

Le khöömi : un chant hors du commun

Rencontrée en 2009, son alter ego mongole se nomme Nomindari Shagdarsüren.
« Quand j’ai rencontré Johanni, je travaillais pour l’UNESCO au recensement du patrimoine culturel immatériel de mon pays, se souvient elle. Le khöömi, c’est un peu l’équivalent du fest-noz en Bretagne. »
Ensemble, au sein de l’association Routes nomades, il ont tracé leur sillon et collecté ce patrimoine menacé de tomber dans l’oubli. « Le chant diphonique est très varié d’une région à l’autre de la Mongolie, mais aussi d’une personne à l’autre. Or, nous nous sommes aperçu qu’il n’y avait eu aucun travail de documentation sur le sujet, expliquant sa complexité et sa richesse. »
Parue sur le label Buda musique, leur Anthologie est une première mondiale. Composée de 43 titres, celle-ci « n’a rien d’un best-of ou d’une compilation. Je parlerais plutôt d’un atlas regroupant des professionnels et des amateurs, des femmes et des jeunes, des célébrités et des anonymes, des bergers et des mineurs… »
Voyage au cœur de la Mongolie millénaire, ce double album est enfin voulu comme « un objet tout public, enrichi par un livret étoffé et des vidéos en ligne. »
« En 10 ans, j’ai rencontré environ 400 musiciens. Certains d’entre eux ne savaient pas qu’ils avaient été publiés sur un disque. Derrière cela, il y a les idées de diffusion et de transmission »,
conclut Johanni Curtet.

Tournée Anthologie du khöömi Mongol, Festival Harmonie des Steppes, Arvillard, 2016 © Routes Nomades
Entre 500 et 800 Mongols habiteraient à Rennes, soit 20 % de la communauté française estimée à 4000 personnes. On se plait à imaginer des Trans’ mongoliennes, menées en musique et à un train d’enfer, entre Rennes et Oulan Bator. Quoiqu’il advienne, son premier ambassadeur fera tout pour que la voix de gorge n’arrive jamais dans une voie de garage.

Splendide objet à trois têtes (dix morceaux de musique folk rock, autant de portraits photographiques et de poèmes magnifiques) imaginé par Mickael Le Mûr, « The Lost Souls Bay » fait danser les fantômes de la Baie des Trépassés. Un hommage à la mer et à ses morts sans amertume et plein d’amour.

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Très passées, c’est comme si ces images utilisant la vieille technique du collodion humide étaient habitées par des fantômes. Ceux de la Baie des trépassés par exemple, une vieille légende bretonne n’ayant jamais cessé de fasciner l’enfant de Cap Sizun Mickaël Le Mur (Lebowski, The Dood’s…), alias The Wâll Factory.

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« Self Killer », « Brainstorm massacre », « Ghost family », Dark Night »… Illustrées par dix poèmes et autant de portraits photographiques, les compositions folk-rock de « The Lost Souls Bay » ne sont pas des murder-ballads, mais cela ne les empêche pas de venir se fracasser avec leurs souvenirs sur les rochers, entre la pointe du Raz et du Van.

Dans l’anse du diable, on croise donc encore quelques anges aux mélodies douces et recueillies. Gardien de phare indiquant la route entre les étocs, Mickaël Le Mûr fait bien sûr partie de ceux-là. Bien sûr, « The Lost Souls Bay » n’échappe pas au vague à l’âme, même perdue parce qu’emportée par le courant du Raz de Sein. L’amer se retire, emportant avec lui les morts, et découvre ce magnifique objet.

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The Lost Soul Bay, de The Wâll Factory. The Wâll factory est sur facebookband camp,…

Jean-Baptiste Gandon

 

Deux ans après l’e.p. « Bile jaune », Darcy continue de cracher son venin rock dans la langue de Bertrand Cantat. Les récents faits d’actualité semblent donner raison au groupe rennais qui vient de sortir ses griffes avec « Tigre » : il y a urgence.

 

Mardi 11 septembre 2001, quelque part sur terre, dans les airs, et dans les Hertz… Nous sommes en début d’après-midi, entre Rennes et Caen, sur France Inter pour être précis. L’animateur radio est pour le coup radieux d’annoncer en avant-première le nouveau single de Noir Désir, extrait de l’album « Des visages, des figures » à paraître le lendemain : « Ça y est, le grand incendie… New-York city… Emergency… Sortez la grande échelle. » Pour la petite et triste histoire, la diffusion du morceau sera interrompue par une annonce surréaliste, et finalement authentique : des avions viennent de viser les Twin Towers en plein cœur de New-York. Tout cela pour dire qu’il y a des signes qui ne trompent pas, des intuitions aussi fortes qu’une bombe à neutrons, des prémonitions aussi dévastatrices qu’une caisse de munitions…

 

La brigade du Tigre

Grands fans de Noir Dés’, les musiciens de Darcy étaient encore verts à l’époque. La colère en mode « Bile jaune », leur 1er E.P paru en 2011, était encore loin d’exploser pour atterrir dans les bacs, et les jeunes Buffalo Bill ne savaient pas encore que l’Histoire avec une grande hache viendrait un jour se mêler du destin du groupe rennais : « Nous aurions dû faire l’Olympia, en 1ère partie de Papa Roach », confirme Irvin Tollemer pour le groupe. Programmé deux jours après les attentats du Bataclan, le concert sera finalement annulé… Plutôt que d’un coup de pouce du destin, on parlera de croche-pied. Mais Darcy est resté debout, et les « événements » ont même permis au groupe de s’endurcir, confirmé dans la légitimité de ses textes engagés, et de ses instruments enragés.

 

 

Paru en octobre dernier sur le label Verycords et distribué par Warner, le premier album de Darcy confirme nos intuitions. Racé et lardé de coups de griffes, « Tigre » réaffirme au passage cette absolue nécessité pour le groupe rennais de chanter en Français. Après avoir multiplié les 1ères parties de prestige (No One is innocent, Mass Hysteria, Luke…), Irvin Tollemer et consorts n’ont pas envie de s’arrêter en si bon chemin. Hard-rock’n’roll façon Motorhead ou en mode métal américain, le groupe n’oublie pas non plus sa filiation directe avec les hordes punk-rock françaises. « Darcy en n’est qu’aux balbutiements. Nous avons passé avec succès le test des 1ères parties des grands frères, et nous pouvons désormais voir plus loin. » Sur le retour du français dans les musiques actuelles : « ce n’est pas encore vérifiable pour le rock, mais c’est incontestable pour la pop : des groupes comme La femme, Les pirouettes, Cléa Vincent et bien sûr Fauve ont rallumé la mèche, c’est une bonne chose. À Rennes, quelqu’un comme Romain Baousson (Bikini Machine, Sonic, Volontiers…) fait énormément progresser les musiques actuelles. »

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« Armageddon », « Justice », « Mitraillette », « Paris »… Les titres « coup de poing » se succèdent en rafale, pour le plus grand plaisir posthume des Kalashnikov. À l’image des images pas sages et un brin sulfureuses du clip « Paris », Darcy n’hésite pas à revendiquer et à mettre la société contemporaine et ses leaders au pied du mur. Pleinement engagée dans la lutte, Irvin Tollemer continue quant à lui de bomber le torse dans son Bombers kaki. « Le lendemain des attentats, nous jouions à la maison, c’est-à-dire à l’Ubu. Nous avons retiré « Mitraillette » de notre set-list, mais nous avons joué Paris deux fois. » L’histoire se répète-t-elle toujours deux fois ? Pas sûr… Après avoir frôlé l’Olympia, Darcy pourrait bien cette fois grimper au sommet de l’Olympe.

Jean-Baptiste Gandon

 

AU DÉPART, LE BLOG ÉTAIT UNE BLAGUE

 On y va avec le sourire, et l’on ressort immanquablement amoureux de ces démons de Midi-Deux. À l’origine du mal qui fait du bien : une triplette d’étudiants rennais ayant tout simplement réinventé la façon de faire la fête. Ne soyez pas en retard, leurs soirées affichent sold out en quelques minutes.

 Les meilleures histoires sont les plus courtes ? On espère que celle-là va durer, aussi vrai que les soirées organisées par Midi-Deux nous emmènent jusqu’au bout de la nuit. Aussi vrai qu’à l’annonce de leurs concerts, il suffit de quelques minutes pour que les compteurs s’affolent et que Digitick affiche complet. Autant dire que pour les fans de Midi-Deux, passée l’heure de cliquer, ce n’est plus l’heure…

Midi Deux, c’est d’abord l’histoire de jeunes étudiants toujours en avance sur leur temps, et prêts à faire des pieds et des mains pour toucher leurs idoles du doigt. Nous sommes en janvier 2010, tous les moyens sont bons, et eux sollicitent des interviews d’artiste (Mondkopf et Florient Meindl) pour un fanzine rennais inexistant. Mais si le mag est un fake, le blog rentre dans les faits. Avec leurs chroniques enthousiastes, leurs podcasts pointus et leur agenda exhaustif, Florian, Théo et Valentin font même rapidement référence dans le milieu rennais.

De blog virtuel à association très charnelle, il n’y a qu’un pas de danse, et Midi Deux commence à emmener Rennes jusqu’au bout de la nuit. « La techno est une histoire de feeling et d’émotion », nous dit-on alors. On ira juger sur pièce, lors de la première soirée programmée au Combi bar, puis poursuivie à l’Antipode. L’agenda marque novembre 2011, et « l’association rêve de faire bouger Rennes car c’est un peu restreint dans le genre électro. »

Six soirées ont suivi depuis. Entre temps, Midi-Deux s’est fait label (Midi Deux entertainment) et écurie pour DJ’s (Côme, Full Quantic Pass, Paroi, Signal ST…). Parmi ses poulains rennais, notamment : Calcuta. Créateur du crew Bokal en 2010, le drôle d’indien est par ailleurs proche d’Electroni(k) et membre actif de l’association Le square. Il cultive le style bass et les sonorités U.K pour mieux concrétiser ses raves. Quant à MMPP, le vieux loup tek a fait ses premières armes avec Midi-Deux, au Combi bar. Théo Muller ? De la dub-house à la techno, le DJ est tout simplement un des membres fondateurs de Midi-Deux.

Jean-Baptiste Gandon       

 

Entre l’after et le before, les concerts Midi-Deux et les soirées Midweek, l’on se dit que les ambassadeurs des musiques électro n’ont pas de temps à perdre. Sans doute parce que le moulin de la musique techno va plus vite que les autres.

 

Plutôt porté sur un style house volontiers deep, l’association Midweek se crée en avril 2012 pour participer à l’immense élan collectif pour la reconnaissance des musiques électroniques à Rennes. Son terrain de jeu : les jours en friches, tous ces temps morts comme le dimanche, ou le mercredi. Elle a un temps visé le Bar’hic, haut lieu de la nuit rennaise, mais c’est au Pym’s, désireux d’enraciner son image de club dans le paysage, qu’elle pose ses platines.

Le mercredi, c’est rave, donc. Et avec le temps, l’événement du milieu de semaine pourra avoir lieu tous les jours de la semaine, notamment le samedi, à l’Antipode MJC. Est-ce parce que les quatre membres fondateurs de Midweek portent tous des lunettes ? De générations différentes, ils ont en tout cas le compas dans l’œil pour dénicher les talents : Le Loup (Hold youth/Wolf + Lamb) et Jef K (Silver network) ont notamment embrasé la 1ère Midweek. « La scène rennaise est en train d’exploser, il y a de plus en plus de collectifs qui se créent », déclaraient-ils à l’époque. Il est vrai que le mois d’avril 2012, à Rennes, c’était : Carl Craig à l’Espace, la 2e Midi-Deux, la 4e Crab Cake, une autre Fake party, sans oublier les cousins d’Open fader et de Twisted session.

Tous les deux mois, l’association fait durer le plaisir en rallongeant le format des soirées jusqu’au bout de la nuit. Seul souci majeur, l’interdiction d’entrée faire aux mineurs…

 

Retrouvez Midweek sur fb

JBG

ELECTRO EN ÉBULLITION

Repéré pour les fameuses Twisted sessions, le collectif Ébullition fait de Rennes un trait d’union entre Londres et Berlin. Une nouvelle étape à platines pour les clubbers.

Certains Rennais ont peut-être eu la chance d’assister aux « Twisted sessions » de septembre 2015. C’était à… Pula, en Croatie, où la launch party made in Rennes avait l’honneur d’être invitée par le festival Outlook. Une manière de dire que l’électro rennaise s’exporte aussi bien par ses musiciens que ses ambassadeurs.

Idée germée dans un cerveau en Ébullition, les « Twisted sessions » sont la principale marque de fabrique de ce collectif de bénévoles.

Importé à Rennes en 2007, la formule est le fruit d’une collaboration avec des collectifs de Londres, Berlin, et Mannheim. La formule ? Un mélange d’artiste internationaux confirmés et de talents issus de la scène locale, mais aussi une réelle exigence sur l’habillage visuelle des soirées, la plupart du temps confié à des créateurs rennais (Vdrips, Ivory 3D, VJ Bros…).

Les Twisted sessions ont passé le cap de la dizaine, et chaque concert a été un succès. Que demander de plus ?

www.ebullition.org

 

SILTEPLAY, LA BONNE FORMULE

Créée en 1995, le collectif house-techno Silteplay n’est donc pas né de la dernière pluie. L’écurie de l’incontournable DJ Azano voue naturellement un respect filial aux pères fondateurs de Détroit et autres creusets de la musique techno : Jeff Mills, Carl Craig, Manu le Malin, Laurent Garnier… Un casting de rêve digne des mémorables soirées Planètes des TransMusicales, noteront les observateurs. Mais le crew rennais cite aussi les ambassadeurs new-wave Front 242 et Trisomie 21, et se réclame de l’orthodoxie. Chez Azano, l’habitué des scènes de Rennes et d’ailleurs, on ne joue qu’avec des vinyles. Les Rennais lui en sont gré et disent merci à Silteplay.

Retrouvez Silteplay sur Fb et soundcloud

 

DKDENCE FAIT DANSER LA TEK

Organisateur de soirée et ardent promoteur de la scène locale, ce collectif créé en 2006 compte notamment dans ses rangs les DJ’s : Xïba, Avrel Tek, Oliv-1, k-mill, fredo-dido… Un drôle de manège au Chantier et chez les autres bonnes adresses rennaises.

Retrouvez DKDENCE sur fb

 

DECILAB. Éclectisme, croisement, diversité… Des mots clés pour comprendre l’esprit Decilab, à l’origine des fameuses « Crossfader sessions ». Depuis 2014, cette association abritant des DJ’s (Kong, Evitearc,…) explore la musique électro sous toutes ses cultures : hip-hop, nu-disco, future basse… Decilab cite Canblaster et Teki Latex comme idéal synthétique et syncrétique. Son ouverture a même convaincu le patron du Mondo Bizarro, sanctuaire punk-rock rennais, d’oser l’aventure électro. Outre les cross sessions, Decilab organise des soirées Bazar et Distillerie, et attire régulièrement les grosses pointures telles Ekali, venu spécialement de Vancouver pour mettre le couvert électro.

 

IT’S A TRAP. Vieille de moins d’un an, cette jeune association s’impose déjà comme l’ami public n°1 de l’afro beat. Un jeudi par mois, au 1988 Live club, le crew se propose de mettre le style trap à l’honneur. Les trappeurs traquant le trap risquent d’être bien attrapés.

 

OPEN FADER. Les Rennais La Denrée, Darijade, Modul Club, l’anglais Ben Pearce… Pour ses 10 ans, fêtés en avril 2016 à l’Ubu, Open Fader avait mis les petites platines dans les grandes. Une jolie manière de rappeler que l’association pionnière fait depuis 2006 le bonheur des clubbers, de la deep house à la techno en passant par la house de qualité.

 

RAW. Avec le street artist Mioshe comme designer attitré, Raw ne pouvait pas passer inaperçu. D’autant que depuis l’hiver 2011, le crew du cru peut s’enorgueillir de programmer le nec plus ultra électro. Cela a commencé avec La denrée et Ringard, aujourd’hui DJ résidents. Ça a continué avec des exploits retentissants, à l’image de la « Rawpenair » tenue au Jardin moderne à l’automne 2014 : 16 artistes, 2 scènes, 12 heures de musique non stop. Le smiley peut continuer de sourire, car le manège aux DJ’s ne semble pas près de s’arrêter.

 

SILENT KRAFT. Samedi 28 mais 2016, l’Antipode MJC affichait complet pour les deux ans de Silent Kraft. Aux platines, Lake Haze et son DJ set surprenant, Legowelt music et son live percutant ont permis de mettre quelques points sur les « i » : chez Silent Kraft, le silence est d’art, et peut aussi être bruyant.

 

SIZE. Née en 2009 à l’occasion d’une d’une soirée S au Jardin Moderne, l’association Size n’entend pas seulement proposer des programmations musicales, mais voit plus loin en travaillant jusqu’à l’univers des soirées : vidéo, déco, son, lumière… Rien n’est laissé au hasard pour des événements sur mesure. King size, même, les événements.

REMIX DE PEINE 

 Et non, la musique, ce n’est pas toujours que des notes, mais aussi parfois de l’image, des touches de couleur, du graphisme ou de la lumière… À Rennes, une structure de production-diffusion nommée Avoka plaide pour cette très bonne cause. Le verdict ne tarde pas à tomber : remix de peine.

Dédié à la musique dans ce qu’elle comporte de plus transdisciplinaire, le collectif Avoka s’est déjà fait un nom dans le landernau rennais, et au-delà. La preuve en est : Jesse Lucas, l’une des plus belles signatures du v-jaying rennais, en fait partie.

Son et lumière 2.0

Avec Erwan Raguenes, sous le nom de Sati, il imagine des aventures  audiovisuelles nous baladant entre nature et monde urbanisé. Rien à voir avec le style « jungle », mais plutôt avec une electronica ambiante ou une techno minimaliste. L’approche est cinématographique, toujours en immersion, et donc non soupçonnable d’être iconoclaste. Autre artiste membre de la structure de production-diffusion comptant une quinzaine de performances au catalogue : Iduun, Transforma, Yro…

En affichant clairement son soutien à ces performances et à ces installations avant-gardistes, et en mettant D-jaying et V-jaying sur un même pied d’égalité, Avoka se fait le héraut d’une nouvelle ère pour les musiques actuelles… Il y a eu l’âge dur du punk, épique et dépouillé, une époque musicale de bric et de broc où il n’était même pas besoin de savoir jouer pour monter sur scène. Les temps ont changé et la musique s’écoute aujourd’hui aussi avec les yeux. L’hiver sera show !

www.avoka.fr

JBG

Organisé par l’association Skeudenn Bro Roazhon depuis une bonne quinzaine d’années, le festival Yaouank met le feu chaque automne avec une série de concerts de musiques actuelles bretonnes dans la métropole rennaise. Et un gigantesque fest-noz de clôture qui rassemble des milliers de danseurs au hall des expos. Retour sur l’édition 2010 avec le groupe Red Cardell. @TVR/2010

En juin 2015, l’Opéra de Rossini « La Cenerentola » (Cendrillon) était joué à l’Opéra de Rennes et retransmis en vidéo et en direct dans une dizaine de villes de la métropole et de Bretagne ainsi qu’à Jersey. C’était la quatrième édition de « L’opéra sur écrans », une opération qui permet à l’opéra de Rennes de sortir de ses murs et d’être le support d’innovation numériques dans le domaine de l’image et du son. @TVR/2015

Le roi est fort, vive le roi ! 4e album solo pour Robert le Magnifique, apôtre d’une électro bien dans ses pompes. « Fuck the Hell, yeah ! », donc. Nous dirons même plus : funk the hell, yeah !

 Exit les poupées rusées de « Kinky Attractive Muse » (2004), exit les beats musclés de « Oh yeah baby » (2008), bienvenue dans le nouvel Eden de Robert le magnifique. Un paradis volontiers vintage mais pas démodé pour deux sons et comme à son habitude humble et modeste.

« Bob » nous avait déjà habitué au grand écart entre musique contemporaine (« Hamlet ») et hip-hop (avec le groupe Psykick Lyrikah). Le bassiste et compositeur alençonnais récidive cette fois en faisant dialoguer les instruments traditionnels et les bruits du quotidien mixés à la bonne vieille MPC. Le chevalier sampler fait cohabiter Carpenter et Tati, boîte à musique de bébé et scie radiale… Royal, Robert a puisé dans le dictionnaire des sons communs la matière première d’une électro débarrassée de ses oripeaux artistos.

Ça déconne pas mal dans « Fuck the Hell, yeah ! », et on s’étonne de tant de trouvailles. On sautille et on s’émoustille. Nous parlerons quant à nous de Robert le Magnifique comme d’un bricoleur génial capable de faire du vieux avec du neuf, à l’image de la ritournelle inaugurale de « The Good old days » nous rappelant au bon vieux tempo du bontempi. La posologie exacte de ce remède anti morosité ? Un tiers d’électro à loustics, un tiers de post rock et un tiers de jeux vidéo…, le tout plongeant dans un bain-marie bien marrant, un maelstrom funky groovant et jamais grave. Bref, Bob a bien mérité sa couronne.

Robert le Magnifique. Fuck the Hell, yeah ! www.yotanka.net. www.robertlemagnifique.com

JBG

Houle Musique

Enregistré dans la salle des machines d’un chalutier, « 60°43’ Nord » nous invite à une rave party au milieu de l’océan atlantique. Loin de toute rock’n’roll attitude, Molécule nous emmène rêver sous les latitudes électro. Le voyage est inoubliable.

 Dans « Moby Dick », Herman Melville nous embarque dans le sillon d’un homme obsédé par une baleine qu’il n’attrapera jamais, et finalement en quête du sens de la vie. Il y a aussi un côté épique dans « 60°43’ Nord », le projet de Romain Delahaye-Sérafini, alias Molécule. Son odyssée pourrait même s’appeler Moby Disc, tant son capitaine a souhaité larguer les amarres pour mieux se retrouver…

Trente-quatre jours sans escales, 4896 miles parcourus, des déferlantes de 17 mètres de haut, 200 kilos de matériel pour créer son boat studio… Le matelot n’a pas hésité à se jeter à l’eau et à s’isoler au milieu de l’Atlantique, pour pêcher l’inspiration. Aucun disque à bord, mais uniquement le son des machines et l’air mélodique du grand large pour composer : bruit sourd des vagues contre la coque, sifflement du vent sur l’acier du bateau, claquement des câbles, grondement du moteur… Électro, la symphonie est aussi aquatique, et la pêche aux sons, miraculeuse. Quand certains cargos de nuit passent trente-cinq jours sans voir la mer, Romain Delahaye l’a regardée dans le bleu des yeux pendant trente-quatre jours. Et plutôt qu’un sous-marin jaune psychédélique, c’est un bateau naviguant tempère peinard, à contre courant du mainstream qui point à l’horizon.

Pour brosser le tableau de « 60°43’Nord », imaginez Matthew Herbert et François de Roubaix sur un bateau, sans qu’aucun ne tombe à l’eau. Édifiant, le résultat ressemble à une croisière technoïde, entre électro ambiant immersive et rave berlinoise. Présentée en live lors des dernières TransMusicales, la tempête sonore, même si imaginaire, s’est avérée très efficace. Mélodique et sensible, ce livre-album n’est pas que beau, il est aussi très bon.

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JBG