« Le French Miracle Tour est un projet unique en son genre, un étendard singulier et au final l’un des meilleurs moyens pour promouvoir la marque France. » C’est avec ces mots qu’Ismaël Lefeuvre, coproducteur de l’événement, décrit ce festival si singulier.

« Si je trouve le tube, je suis prêt« , Ismaël Lefeuvre semble armé pour l’avenir. Pour l’avenir, car le présent ne semble pas l’avoir compris : « Pour qu’il y ait de la musique, il faut d’abord un modèle économique. Or, celui-ci a énormément évolué. » Cet entrepreneur a pris les devants du modèle économique européen et s’est intéressé au système asiatique : « j’ai pris des parts dans la société numérique I replay. En gros, l’idée est de créer des chaînes de télévision pour le web. Aujourd’hui, pour chaque concert en Chine, ce sont entre 2 et 3 millions de personnes touchées en live streaming. Ce pays a anticipé la musique de demain. Que l’on parle de l’accueil du public, de la taille des festivals ou de la modernité des hubs professionnels, nous sommes tout simplement dans une autre dimension. »
Cependant, Ismaël Lefeuvre n’en oublie pas la scène européenne et française : « nous pouvons nous prévaloir d’une expertise et d’un réseau sans équivalent en France, et nous sommes d’ailleurs régulièrement approchés, on s’intéresse de plus en plus à nous. » Alors qui sait à quoi la musique de demain ressemblera ? Personne.. Sauf peut-être  Ismaël Lefeuvre.
En attendant, nous pouvons profiter du présent, et plus exactement du 27 avril au 16 mai. C’est la période durant laquelle des groupes français ont pour mission de faire se rencontrer la scène musicale française et les publics d’Asie.

 

Deux groupes ont rapprochés l’Armorique de l’Asie en quelques notes de musiques : Totorro et Manceau

Totorro est un groupe unique, difficile à catégoriser, qui offre des repères, certes, mais des sensations et des émotions qu’on n’a jamais assemblées de cette façon. Une musique instrumentale qui en dit long, où chaque épisode raconte des choses qui rendent les mots inutiles. Pas de chanteur, on observe les deux guitaristes (Christophe Le Flohic et Jonathan Siche), le bassiste (Xavier Rose), et le batteur (Bertrand James). Tout s’imbrique à la perfection. Ils ont passé des heures et des heures ensemble et ça se sent. L’union fait la force.

Certains qualifient sa musique de math-rock, pour exprimer une certaine complexité dans la structure des évènements, mais les morceaux se vivent comme des histoires racontées… finalement assez éloignées des maths !

C’est en 2010 que les quatre musiciens de Manceau se révèlent au monde grâce à un premier EP remarqué et remarquable. Deux ans plus tard, le quartet décide de passer le cap du premier album.
Entouré de Xavier Boyer et Pedro Resende de Tahiti 80, Manceau brode « Life Trafic Jam » qui sort sur son propre label Monophonics. Si le disque leur ouvre les portes de grands festivals français (Transmusicales, Printemps de Bourges, Main Square, Francofolies…), c’est jusqu’au Japon que la musique de Manceau voyage. Sorti là-bas chez JVC, l’album connaitra un joli succès qui marque le début d’une relation privilégiée avec le continent asiatique. C’est en 2010 que les quatre musiciens de Manceau se révèlent au monde grâce à un premier EP remarqué et remarquable. 

Deux ans plus tard, le quartet décide de passer le cap du premier album. Entouré de Xavier Boyer et Pedro Resende de Tahiti 80, Manceau brode « Life Trafic Jam » qui sort sur son propre label Monophonics. Si le disque leur ouvre les portes de grands festivals français (Transmusicales, Printemps de Bourges, Main Square, Francofolies…), c’est jusqu’au Japon que la musique de Manceau voyage. Sorti là-bas chez JVC, l’album connaitra un joli succès qui marque le début d’une relation privilégiée avec le continent asiatique.

 

Deux phénomènes sur les scènes de l’Orient

Il a le profil d’un rappeur américain, aligne les punch-lines savoureuses en anglais avec aisance, mais il est français.
KillASon, aka Marcus Dossavi Gourdot, jeune homme talentueux de 22 ans d’origine béninoise, est en passe de devenir l’un des artistes les plus complets de la scène hip hop.
Rappeur, beatmaker, danseur, cet artiste à 360° a trouvé dans le hip hop un écosystème à la hauteur de son talent. Son style ne s’impose pas de barrière, ses ambitions n’ont pas de frontière.

« The Rize », son premier EP de 9 titres sorti en janvier 2016, ne ressemble à rien de ce qui se fait dans le game du rap tricolore. Il est inventif, fantasque, extravagant, en forme de kaléidoscope musical, mêlant le meilleur du hip hop, de l’électro et de la pop.
Gagnant du prix Discovery au Festival Nördik Impakt 2015, artiste du FAIR 2017, Talent Adami 2017, les Bars en Transe, le Printemps de Bourges, le Dour Festival, Rock en Scène, les Vieilles Charrues, et la liste est longue, KillASon enchaine les tournées, laissant sa trace sur toutes les scènes.
KillASon est indéniablement un sacré performer.

Depuis 2007, Yelle scintille sur la scène electro-pop. Avec une intuition avant-gardiste pour les tendances et la culture pop, ses albums ainsi que ses innombrables concerts et festivals aux quatre coins du monde, font rayonner ses mélodies et ses chansons en français à l’échelle mondiale.
Peu d’artistes aujourd’hui peuvent se prévaloir d’avoir à ce point réussi à transcender toute barrière linguistique sans jamais renier ce qui les constitues. A savoir pour Yelle : l’innocence, le fun et l’audace. Et tout ça en français.

“I don’t know what you mean but it means a lot to me” le gimmick de sa chanson «L’Amour Parfait» sortie en 2013 résume assez parfaitement ce je ne sais quoi qui rend Yelle si singulière.

Pour voir le reste de l’aventure French Miracle Tour, rendez-vous sur la chaine Youtube de : French Miracle Tour

French Miracle Tour, 27 avril au 16 mai 2017 ; http://www.frenchmiracle.com/ ; http://www.fipradio.fr/actualites/cap-sur-l-asie-avec-le-french-miracle-tour-27986

Fidèle à ses bonnes habitudes, le festival Big Love pose ses platines dans le centre ville de Rennes, dont il investit les lieux les plus insolites pendant trois jours. L’occasion, pour les amateurs, de se mettre à l’aise avec le meilleur de la house.

« Our house, in the middle of the street ! » Pour paraphraser Madness, le célèbre groupe ska british, la house music sera au milieu des rues de Rennes pendant un long weekend, à l’occasion de la 3e édition de Big Love. Dans les rues du centre ville, mais aussi dans ses parcs et bien sûr, aussi, sur scène.
« Le mode d’emploi de Big love est toujours le même, pose Luc Donnard, première pince de l’association Crab Cake corporation. L’idée est de proposer un parcours de découverte : de la musique bien sûr, mais aussi de la ville. » En toile de fond : l’envie de créer des affinités électro avec de nouveaux publics. « Un festival, ce n’est pas forcément une grosse teuf pour les 18-25 ans. » Pour joindre le geste à la parole, Big love réfléchit avec l’office de tourisme Destination Rennes à un « weekend global de découverte » invitant à suivre également d’autres sillons que ceux des platines de DJ.

Franche Touche

L’ouverture du festival ne se fera pas en fanfare, mais en symphonie : « quelques musiciens de l’Orchestre de Bretagne épaulés par un DJ vont reprendre des standards de la musique électro des 1990’s, dans la cour de l’Institut Franco-Américain. » Au menu : Aphex Twin, Pantha du Prince, Rone, et Frankie Knuckles. « Pour l’anecdote, le terme « house » vient de Frankie Knuckles, à l’époque où il était DJ au Warehouse, le club qu’il a lui-même créé à Chicago. » La transition du vendredi au samedi sera longue à l’Ubu, ou Fort Romeau et la mascotte de Big Love Job Jobse oseront la house jusqu’au bout de la nuit.

Job Jobse

Faute de pouvoir disposer de la salle de la Cité, la « grosse soirée » du samedi aura lieu dans un lieu pour l’heure tenu secret. Les grosses pointures ? Le Lusitanien Trikk et ses sons tribaux ; l’Anglais Midland et ses grands écarts entre disco et techno ; le collectif cold Honey sound system… L’après-midi aura auparavant vu deux DJ allemands arroser le dance floor du côté du jardin de la Confluence.

Midland

Le final aura enfin lieu square de la Touche, où s’invitera également le Marché à manger, avec 8 chefs derrière le piano à maître queux. L’occasion de déguster un DJeuner en compagnie de la Rennaise Gigsta et du Suédois Mister Top Hat. Pour le dessert ? Le vieux de la vieille Superpitcher et son set « hyppie dance » généreusement étalé sur quatre heures. La morale de l’histoire : Big (love) is beautiful.

 

Big Love #3, les 9, 10 et 11 juin, Institut Franco-Américain, Ubu, Jardin de la confluence… www.biglove.fr ; www.crabcakecorporation.com ; @crabcakecorpfr ; @biglovebyccc

Jean-Baptiste Gandon

Petit nouveau dans la famille des festivals de musique rennais, le Made festival n’a eu besoin que d’une édition pour mettre la ville et le parc des expositions sens dessus dessous. La place est encore chaude que la 2e édition se profile déjà à l’horizon, avec toujours, une programmation house et techno à la pointe… des platines de DJ. 

 

En mai, fais ce qu’il te plait, mais surtout, vas au Made. Sage et un peu folle en même temps, la devise du festival rennais sera de nouveau à la mode pendant trois longues nuits de fête et de musique. À peine remis de la première édition, Rémy Gourlaouen prend tout de même le temps de regarder dans le rétro : « le Made est parvenu à fédérer les associations rennaises, une dizaine en tout. Au Hameau sur le mail François Mitterrand, à l’Hôtel Pasteur, au parc des Gayeulles ou au Parc des expositions, les concerts ont pour la plupart affiché complet. »

« Programmer des artistes jamais venus à Rennes »

Rennais « à 95 % », le public a pu constater que le Made propose ni plus ni moins le meilleur de la musique house et techno. « La 2e édition approche et l’on constate un intérêt croissant de la part du public extérieur, parisien notamment. » Cette année, ces derniers pourront notamment profiter de deux soirées au parc des expositions, la nef des fous de l’électro à danser, ou encore de concerts programmés dans des lieux inattendus, comme les cartoucheries de la Courrouze. « Notre idée est de programmer des artistes jamais venus à Rennes, ou alors pas venus depuis longtemps. »

Made in Rennes

À l’affiche, une soixantaine d’artistes venus des quatre vents. Parmi eux, la star mondiale Maceo Plex ; Robert Hood, pionnier historique de la techno de Détroit, par ailleurs créateur d’Undergound Resistance ; quant au dinosaure britannique de la techno Luke Slater, certains « vieux » rennais ne peuvent avoir oublier son passage aux célèbres soirées Planètes des TransMusicales. Des révélations en marche ? « L’Allemande Helena Hauff donnera son premier concert à Rennes, l’occasion de découvrir sa musique métissée, entre new wave, electro body music belge et techno indus ; je citerai aussi le Bulgare Kink, dont le show a tout simplement été élu « meilleur live au monde » par les lecteurs de Resident advisor… »


Pour finir par les agités du local, on guettera le live des rennais de Cats soiled, issus de la mouvance Chevreuil.
« À l’avenir, le Made aimerait multiplier les concerts en live avec des vrais groupes (par opposition au set de DJ, ndlr) », conclut Rémy Gourlaouen, le programmateur d’un festival non pas French touch, mais néanmoins Made in Rennes.

Made festival, du 18 au 21 mai, + de 70 artistes programmés, au parc des expositions et 12 autres lieux. www.made-festival.fr

À la base, il y avait quatre jeunes copines, transcendées par la chanson française. Aujourd’hui, il y a le festival des Embellies, dont la nouvelle édition se tiendra du 5 au 11 mars. Entre les deux, vingt ans de passion musicale, des Têtes Raides à Peter Broderick.

Onze artistes se produiront à l’UBU, au Jardin Moderne et à la Parcheminerie dans le cadre de la 19ème édition des Embellies, du 5 au 11 mars. Douze autres le feront aux Champs Libres: le festival s’y fera la belle le 5 mars, pour un Dimanche à Rennes oscillant entre ateliers et concerts.
Vision de ce festival tout juste majeur et loin d’être mineur à travers les yeux de Stéphanie Cadeau, l’une des deux fondatrices du festival des Embellies encore en exercice.

Les Embellies, pourquoi, pour qui ?
Stéphanie Cadeau : Nous étions quatre copines de lycée, on terminait nos études et on aimait la chanson française. Créer ce festival, c’était créer l’occasion d’en programmer. La première édition s’est faite dans des bars, d’où le nom des Bar’Baries. Avec le succès de notre second concert de La Tordue, notre association (Patchrock) a très rapidement été prise au sérieux. Le festival a connu un virage pop rock une dizaine d’années plus tard et, en 2006, nous avons opté pour un nouveau nom, plus poétique : les Embellies, inspiré du nom d’un album de Franck Monnet.

Le nom, le style musical: pourquoi tous ces changements ?
S.D : Nous proposons ce que nous aimons, sans limites, sans barrières. Nous avons aussi décidé de revenir à un esprit de découverte, en renonçant à la programmation de grosses têtes d’affiche, qui pouvaient nous faire remplir Le Liberté mais qui au final n’apportaient pas plus que cela et étaient très coûteuses. Nous étions sur des jauges de milliers de personnes, aujourd’hui c’est plus quelques centaines. Travailler au développement d’un artiste est plus intéressant, on se sent utile et c’est d’autant plus motivant. C’est la même chose pour notre activité de label et les résidences d’artistes que nous accompagnons.

Vos coups de cœur dans la programmation de cette année ?
S.D : Impossible à dire, cette année la palette est assez large ! On commence par de la chanson française avec Miss Sparrow, et on terminera par une soirée pop rock le 11 mars. L’évolution du festival en fait ! Je pourrais citer tous les artistes en coups de cœur, mais celui qui me vient en tête est le groupe Nursery, qui jouera samedi au Jardin Moderne. Tout était bouclé, la programmation était faite, et puis… on les a entendu. Ils ont été ajoutés vraiment au dernier moment.

Le 5 mars, Dimanche à Rennes sera sous le signe des Embellies. Quel est le programme?
S.D : Douze propositions artistiques seront accueillies dans tout le bâtiment des Champs Libres. Ça sera plein de petits spectacles, de petites jauges. On y travaille depuis le mois de mai, ça sera très dense. Il y aura des concerts, des ateliers, des arts visuels… Il y aura aussi la chorale pop des enfants de l’école Moulin du Comte, que nous avons accompagné toute l’année dans le cadre des actions culturelles que nous menons avec notre association Patchrock. Il y aura quelque chose à voir dans chaque recoin !

Le Festival Jazz à l’Etage propose pour sa huitième édition une programmation éclectique qui contente à la fois les amateurs de jazz et le grand public. Un rendez-vous musical à ne pas manquer à Rennes et Saint-Malo.

Un jazz inspiré par le métissage

Mélanger les stars du jazz d’aujourd’hui avec les nouveaux talents de la scène jazz, venus du grand d’ouest ou d’ailleurs, c’est le pari que s’est lancé le festival Jazz à l’Etage. Et la huitième édition ne change pas de partition avec une programmation très éclectique

« L’idée du festival c’est de faire venir des artistes internationaux et les stars du jazz de demain » explique Yann Martin Directeur artistique de Jazz à l’Etage. « Nous invitons de nouveaux artistes qui sortent du code traditionnel du jazz, des musiciens qui viennent de partout : d’Israël, d’Arménie, de Belgique des USA, de France… Leur source d’inspiration c’est le métissage, un jazz est souvent plus accessible au grand public ».

« Rajeunir le public traditionnel du jazz »

« Le parrain des premières éditions était le contrebassiste Avishai Cohen qui a très clairement modifié dans l’esprit du public la perception du jazz » ajoute Yann Martin, également producteur d’artistes de jazz. « Il est en effet aussi proche de la pop, que de la chanson de la musique traditionnelle ou encore du jazz new-yorkais. Un mélange de différentes influences qui permet de rajeunir le public traditionnel du jazz ».

Le festival est aussi l’occasion pour les artistes de la scène bretonne et du grand Ouest de croiser des musiciens internationaux invités chaque année sur la scène de l’Etage et dans d’autres lieux culturels à Rennes et Saint-Malo.

Le Quartier Général du festival est installé à l’Etage, d’où son nom. Cette salle de spectacle, située au cœur de Rennes dans le Liberté, accueille aussi pendant le festival des concerts plus informels dans l’espace bar. Jazz à l’Etage s’invite également dans les médiathèques de Rennes Métropole, aux Champs Libres ainsi qu’à L’Ecomusée.

Le festival Big Love a été imaginé en 2015 par Crabe Cake Corporation, une association qui organise depuis plusieurs années des soirées et des évènements festifs à Rennes et Saint-Malo. Ce collectif artistique qui regroupe DJ’s, graphistes et passionnés de cultures électroniques, a voulu créer un format d’événement différent, une fête joyeuse qui s’étire sur un long week-end, du vendredi au dimanche.

Décloisonner le temps et l’espace en faisant la fête

Le concept de Big Love est simple : faire la fête dans des espaces inattendus à des moments de la journée différents. « L’objectif est de décloisonner la musique électronique, de s’ouvrir à d’autres publics en sortant du monde de la nuit et des clubs. Les gens viennent simplement pour être séduits et s’amuser » explique Luc Donnard Directeur artistique et fondateur de Crabe Cake Corporation.

Un festival pas comme les autres qui n’a rien d’un marathon. Luc préfère d’ailleurs le terme de « micro-festival ». « C’est un parcours dans la ville, il n’y a qu’une seule scène à chaque fois et on ne rate rien ». Sur les 3 jours, les organisateurs ménagent aussi des pauses, des temps de repos pour recharger les batteries et encore mieux profiter des bonnes vibrations.

« Retrouvons-nous dans un parc, dansons ensemble et buvons un coup »

Comme son nom le suggère, Big Love est un cocktail de bonne humeur et de convivialité. « On souhaite véhiculer de bonnes énergies. Le message c’est « dansons ensemble et partageons quelque chose de positif ». Beaucoup de gens ont ce désir assez simple. D’où le nom totalement assumé de Big Love. Sans doute un peu utopique, mais on en a besoin et la fête est un vecteur privilégié pour y arriver» affirme Luc Donnard.
Et quitte à faire la fête, autant choisir des endroits magnifiques comme les parcs et jardins de Rennes ou des monuments historiques. La cour du Parlement de Bretagne par exemple dans laquelle s’ouvre Big Love 2.

« S’inspirer des lieux pour mieux les sublimer »

L’idée d’organiser des concerts électros dans des lieux de patrimoine est venue assez naturellement. Avant de bifurquer vers l’organisation d’événements culturels, le fondateur de Crabe Cake Coporation a suivi des études en urbanisme à Rennes. Son mémoire de maîtrise sur la reconversion des friches industrielles en lieux culturels l’a inspiré pour creuser le sujet de l’occupation festive de l’espace public, notamment lorsqu’il travaillait pour le Festival Nuits Blanches à Paris.

Et à Rennes ce ne sont pas les lieux qui manquent. « L’idée c’est de partager quelque chose de positif dans un lieu qui appartient à tout le monde » détaille Luc Donnard. « La gratuité des concerts dans les parcs sert aussi à ouvrir la musique électronique à ceux qui ne la connaissent pas encore ». Et c’est un bon moyen de découvrir la ville et son riche patrimoine naturel et historique.

« On aime bien créer un univers féérique »

Pour accueillir le public dans ces lieux étonnants, l’équipe « s’inspire des lieux pour mieux les sublimer », comme dans le Parc Oberthür, les jardins du Palais Saint-Georges en 2015 ou le Parc des Tanneurs, le jardin Saint-Cyr et la Cour du Parlement de Bretagne pour l’édition 2016. « On aime bien créer un univers féérique avec beaucoup de guirlandes et de vielles ampoules en collaboration avec le collectif de décoration et de scénographie Zarmine qui travaille aussi pour les Trans’ ».

Le mélange des genres avec des artistes électroniques installés dans des jardins ou des lieux de patrimoine, c’est ce qui rend Big Love aussi particulier. Luc Donnard se souvient d’ailleurs avec émotion du final de la première édition au Parc Oberthür. « Une averse avait un peu refroidi nos ardeurs dans l’après-midi mais les gens sont finalement revenus le soir pour le final » raconte Luc Donnard. « Il s’est clôturé avec Job Jobse sur une version culte de La Vie en rose de Grace Jones, un instant magique ! »

Entièrement organisé par les étudiants de l’Insa de Rennes sur le campus Beaulieu, Rock’n Solex est un festival unique à l’histoire singulière. Compétition de Solex d’abord, puis concerts tous styles et animations déjantées forment l’ossature de cette aventure démarrée en 1967.

1967. L’Institut national des sciences appliquées (Insa) n’est ouvert que depuis un an et déjà l’Amicale des élèves turbine pour égayer le quotidien scolaire des futurs ingénieurs. « Je faisais partie de la commission loisirs et culture au sein de l’Amicale, raconte Dominique Verdier » étudiant de la deuxième promotion de l’école. « Je ne me souviens plus qui a eu l’idée de cette course de Solex mais j’ai donné le coup d’envoi de la première édition. » Le 2 décembre 1967, ils sont une douzaine d’étudiants à disputer « Les 24 minutes de l’INSA », « un clin d’œil aux 24 Heures du Mans ! ». Le Bulletin insalien d’information périodique (BIIP) de l’époque précise : « Toutes les modifications sur les engins sont autorisées. Les carottages sur le parcours seront sévèrement pénalisés. » Et attention au « contrôle anti-doping » !
L’enjeu est en effet de taille pour les concurrents : « Deux litres d’essence au premier, un litre de bière au deuxième, une douche froide au dernier. » L’épreuve tient la route, perdure, se développe et se structure. 1975 marque un tournant: première campagne de communication, commissaires de courses, interventions de la Croix-Rouge…

Bruits et sons à l’unisson

L’histoire musicale de Rock’n’Solex commence en 1985. Jusqu’alors, pilotes, organisateurs, étudiants tapaient le bœuf en se rinçant le gosier au foyer de l’institut le soir après les courses. Pourquoi ne pas prolonger la fête par de vrais concerts ? Le premier groupe à fouler la scène sera Tohu (ex-Tohu Bohu). Dès 1988, le fest-noz ouvre le festival. Une soirée pour rassembler les générations (50 % d’habitués des festou-noz, 50 % d’étudiants) et faire entendre d’autres rythmes et ambiances. Le début des années 1990 est marqué par le nouveau rock français : Les Négresses vertes, Elmer Food Beat, Washington Dead Cats… En 1996, un jeune groupe se produit au bar Le Sablier dans le cadre des BaRock’n Solex. Un an plus tard, son album se vendra à trois millions d’exemplaires. Son nom claque : Louise Attaque ! En trois décennies, aucun genre n’a échappé à la sagacité des programmateurs.

À côté du son, les organisateurs n’oublient pas les animations. Et pas des moindres ! Saut en parachute, karting, baptême en montgolfière, démonstration de dragster… et même courses de poissons rouges, lancers de charentaises ou tournoi de pétanque-œuf. Un inventaire aussi farfelu qu’improbable qui dénote chez ces jeunes gens de vingt ans un esprit ludique et une capacité à ne pas se prendre au sérieux. Quant aux courses de Solex, c’est désormais 150 équipages (deux, trois ou quatre pilotes) qui affluent de la France entière pour disputer les trois jours de compétition : slalom, côte, descente, endurance vitesse.

« Et si on créait un festival ? » Au départ, cela ressemblait à une parole lancée en l’air, par un étudiant de Rennes 2 un brin mythomane. Mais le destin a pris Maël Le Goff aux mots, et la comédie dure toujours, vingt ans après la première édition de Mythos. « J’avais 22 ans, étudiant en histoire à Rennes 2. Je pratiquais le théâtre en amateur avec les copains de la fac. Accessoirement, j’étais et je suis toujours fils de conteur. »
Vite convaincu par la vitalité de cette parole contemporaine passée de mode, le Lorientais aura tout aussi rapidement l’occasion de passer à l’acte.


C’est dans le décor magique du Théâtre du Vieux Saint-Étienne qu’il commence à dépoussiérer cette si collante image du conteur moustachu, fumeur de pipe.
« Mon père m’avait donné son invitation pour assister à La Main du serpent, de la compagnie Tuschen. Ce spectacle a renforcé mon envie et ma conviction que la parole des conteurs pouvait être rock’n’roll. »
La première édition confirme son intuition : majoritairement étudiante, et a priori non soupçonnable de sympathie pour le conte à papa, l’assistance connaît le coup de foudre immédiat : « Pour les artistes, il s’agissait d’un nouveau public, et pour le public, d’une nouvelle parole, brute, libre, enracinée dans le monde. » Le festival continuera par la suite de creuser le sillon d’un événement à la fois artistique, festif et branché, notamment dans le Magic Mirror installé place Hoche en 1999. Le vieil art est plus que jamais vaillant, il souffle même un vent de nouveauté chez les partenaires toujours plus nombreux : le Pôle Sud à Chartres-de-Bretagne, le Grand Logis à Bruz, la Péniche Spectacle à Rennes, et tant d’autres à venir, taquineront désormais la muse des mots avec Mythos.

Les sirènes pop de la chanson française commencent elles aussi à se faire entendre, arme fatale du festival pour attirer les spectateurs dans le saint des saints : le paradis des mots dits. Vingt ans, et combien de temps forts ? Maël Le Goff entend encore le silence assourdissant du public hypnotisé par les mots bleus du crooner Christophe, sous le Magic Mirror du Thabor ; il se souviendra longtemps de cette phrase entendue auprès de spectateurs avouant être venus pour voir Bénabar, mais tellement heureux d’avoir découvert Gérard Pottier.
Le programmateur a atteint sa cible et touché une corde sensible : « Pour moi, Mythos est le trait d’union entre les Trans Musicales et Mettre en scène. »
Un subtil dosage entre conte et chanson ; un esprit convivial et festif ; un goût pour les prises de risques et les partis pris artistiques prononcés… La formule est là, vieille recette de grand-père remise comme par magie au goût du jour. Le moins que l’on puisse dire est qu’elle rameute les foules.

L’EMPIRIQUE CONTRE ATTAQUE

Ni label ni tourneur, un peu manager, un brin promoteur et très porté sur l’image, Tanguy You est un peu tout cela à la fois. Au plus près des groupes et loin de Paris, l’agent tout risque imagine des stratégies, et ce faisant, invente un métier où les nouveaux médias numériques occupent la même place que l’artisanat.

 Tanguy you, c’est un peu le bon sens près de chez vous, et le bon son en prime. Pour aller plus loin, l’on dira que l’ancien joueur de reggae est un intermédiaire qui rêve d’un marché de la musique sans intermédiaire. Est-ce son passé chez Wagram, qui réactive chez lui un esprit un peu punk ? « J’avais été embauché là-bas pour travailler sur le retour aux affaires des Bérurier Noir. Un album était sorti, « Même pas mort », ainsi qu’une anthologie sous forme de coffret. » Une période au cours de laquelle l’ancien stagiaire des TransMusicales et des Vieilles charrues apprend ses classiques : majors, distributeurs, labels…

 

Nouveaux modèles économiques

Tanguy se fait ensuite la belle du côté des outils numériques et des nouveaux modèles économiques : il participe notamment à la création de Grand link, une base de données proposant des nouveautés musicales aux professionnels ; sur RKST.org, il est l’un des premiers à mettre en ligne des sessions de concerts ; il explore la nébuleuse des algorythmes proposant des playlists adaptées en fonction des goûts des cibles, et aborde la question des concerts à emporter…

Plus tard, à Nantes, il accompagne les premiers pas de Wiseband, une start up novatrice cherchant à supprimer les intermédiaires entre les fans et les groupes. « Les labels se gavent sur le dos des artistes », commente-t-il avant de reprendre : « Aujourd’hui, il n’est plus nécessaire de passer par les maisons de disque pour exister. »

Intermédiaire ennemi des intermédiaires, Tanguy You théorise sa propre pratique depuis la fin 2013. « De l’environnement numérique à la création des supports, l’image est fondamentale. » Le développeur de groupes dessine donc des stratégies « humainement tenables ». Cobaye de choix, le groupe Fragments a notamment bénéficié de ses conseils, et la collaboration semble porter ses fruits. Pour revenir sur l’importance du couple musique-image, il cite les collaborations de Fragments avec Rennes Métropole (pour la ligne B du métro) et le festival Travelling ; rebondit sur la présence d’un titre de son protégé Alan Corbel au générique d’une série télévisée américaine. « Nous sommes ici dans l’économie directe, ce qui n’est pas négligeable. » Sensible aux sirènes de la modernité et aux nouveaux outils numériques, Tanguy You n’en n’oublie pas pour autant les bonnes vieilles recettes de grand-mère. « Il faut aider les groupes à mettre en place une démarche globale. Derrière cela, il y a l’idée de service à la carte. Geek et artisan à la fois, Tanguy you cultive le net à la bonne franquette, car il n’oubliera jamais l’origine du monde : ce bon vieil esprit rock’n’roll.

 

www.tanguyyou.com

Jean-Baptiste Gandon  

 

 

LA MAISON DES PRODUCTEURS SE RELANCE

Le public connait les festivals, moins ceux qui œuvrent en coulisses. Or Rennes compte pléthore de structures musicales qui produisent et diffusent concerts et spectacles à l’année, ici, en France, à l’étranger. Et dans des esthétiques variées : rock, chanson, musiques improvisées, traditionnelles, du monde, jeune public, ciné-concerts…

En 2010, à l’initiative de Franck Pichot (L’Armada Productions) et François Leblay (La Station Service), plusieurs structures se sont réunies au sein d’une nouvelle entité : la Maison des Producteurs (MDP). « Afin, dans un premier temps, d’échanger sur nos pratiques et nos problématiques, se rappelle François Leblay. On se connait tous, on se croise aux concerts mais, accaparé par nos artistes, on est un peu isolé dans notre coin. » D’autant que les équipes sont souvent modestes. Quel que soit leur domaine d’activité, ces producteurs-tourneurs ont les mêmes préoccupations : dénicher des talents, les accompagner, trouver des financements pour leurs créations, nouer des partenariats avec des salles et des festivals afin de garantir aux artistes les meilleures conditions de répétition et de diffusion.

Au printemps 2016, la MDP a décidé de passer à la vitesse supérieure en intégrant d’autres acteurs bretons. Une démarche régionale à l’adresse des tutelles également. « Les élus connaissent bien le spectacle vivant, moins les musiques actuelles, analyse François Leblay. Sur les conventionnements, les aides aux structures plutôt qu’aux projets, le soutien promotionnel…, nous souhaitons les sensibiliser de manière pédagogique. Nous ne sommes pas une centrale syndicale. » Mais un vivier économique et culturel représentant des milliers d’heures de travail annuel, certainement. (E.P.)

               

Le Parking

Inciter les jeunes à traîner dans un parking ? Oui, mais pas n’importe lequel. Au Rheu, le Parking est un local de répétition et d’initiation aux musiques actuelles, accolé à l’espace jeunesse. L’endroit a été aménagé pour répondre aux besoins des jeunes musiciens. « C’est ouvert à tous, mais les mineurs ont des tarifs et créneaux préférentiels », souligne Delphine, animatrice de la structure. Les mercredis et samedis après-midi, c’est même gratuit pour eux. « On organise aussi des concerts. Une partie des recettes sert à accompagner les jeunes qui veulent se produire, ou organiser quelque chose. » Le talent n’a pas d’âge ! Espace Jeunesse le Quai 11 Rue du Docteur Wagner, Le Rheu

 

Le Combi bar

Tables en formica, canevas aux murs et tasses d’un autre temps pour servir le café : des sixties et seventies, le Combi bar a tout pris, Dalida et Mike Brant exceptés. Ici, la musique se conjugue au temps de la house et de la techno, l’une des deux passions de Guillaume, le propriétaire. La seconde ? Les cocktails. « Alors j’ai mélangé tout ça et j’ai ouvert un bar », sourit l’intéressé. Saupoudré d’une bonne pincée de rétro. C’était il y a onze ans et le concept n’a pas bougé d’un iota. Deux fois par semaine, il invite des Dj à se produire dans cet antre du kitch, « toujours dans un esprit de découverte. En général c’est des potes, mais des associations se sont aussi lancées ici, comme Tangente ou Midi Deux. » Et tous terminent enregistrés sur mini-discs, seule fantaisie « moderne » de ce bar tout droit sorti d’une faille spatio-temporelle. « Tout le monde s’en fout, rigole Guillaume, mais moi j’ai un lecteur mini-disc, je les repasse de temps en temps. » 55 Rue Legraverend, 19h-01h00

 

LES SALLES DANS L’AGGLO

Hyper actives à Rennes (Ubu, Antipode MJC, Jardin moderne, Liberté, L’Étage, etc), les salles de la Métropole ne sont pas en reste quand il s’agit de musiques. Au Pont des arts de Cesson-Sévigné, on taquine volontiers la musique du monde (en 2015-2016, Ibeyi), la chanson française (Maurane), le jazz (Melody Gardot), le blues (Hugh Coltman), la pop folk (Lou Doillon, Yael Naim) et même le classique (Requiem de Fauré). À Saint-Jacques-de-la-Lande, l’Aire Libre dirigée par Maël Le Goff (Mythos) fait la part belle à la musique avec du corps et de l’esprit et aux concerts qui regardent plus loin (créations en résidence). Cette année : la pop sensuelle et sacrée d’An Pierlé, la création en résidence de la révélation Fishbach, deux concerts événements de Vincent Delerm, le concert « Mammifères » du pêcheur de baleines Miossec, le retour de Keren Ann… Au Ponant de Pacé, les artistes locaux (Orchestre Métropolitain de Rennes, école de musique, etc), côtoient les pointures internationales (Imany, Talisco, etc). La balade métropolitaine nous fait ensuite passer par le Pôle sud de Chartres-de-Bretagne, où on n’hésite pas à miser gros sur les talents locaux (Mosai, Trio EDF,) la chanson française (Clarika, Zaza Fournier), jeune public (Mami Chan & Pascal Moreau) ou encore les musiques du monde (Chango Spasiuk, Bachar Mar-Khalifé, Du Bartas, Mze Shina…). La boucle ne sera pas bouclée sans une pause au Sabot d’or à Saint-Gilles ou à L’Agora au Rheu,  et un passage pas sage par le Grand Logis de Bruz. À l’image du lancement de la prochaine saison en fanfare avec l’iconoclaste Katerine, le 1er octobre dernier, l’équipement culturel sait prendre son public par les sentiments.

 

BARBAR ADOUCIT LES MŒURS

Créé en 1999, le collectif Culture BarBar a largement infusé le territoire national, et compte aujourd’hui quatre-cent adhérents. À Rennes, vingt-cinq cafés se concertent au quotidien pour « vivre la musique en intelligence ».

« Aux bars, les citoyens ! » La devise colle parfaitement à la philosophie « Culture BarBar ». Créé à l’aube de l’an 2000, le réseau national existe précisément pour mettre les gens autour d’une table et leur permettre d’échanger autour des questions de diffusion artistique. Avec, en toile de fond, les problèmes de nuisance sonore et du vivre ensemble. « L’idée est aussi de donner du poids à nos messages, avance Guéno, le boss du Ty Anna et du Bar’hic. Plus nous sommes nombreux, plus celui-ci porte. »

Les cafés (se) concertent

Le collectif compte aujourd’hui 400 adhérents à l’échelle nationale, et à Rennes, pas moins de 25 patrons de bars ont décidé de rejoindre l’antenne locale du mouvement. « Petit à petit, notre travail porte ses fruits. En face de nous, les élus et autres partenaires institutionnels prennent conscience que les cafés concerts, ce n’est pas que du bruit et des embrouilles, mais aussi de l’emploi direct et des artistes en devenir. »

Plus récemment, le GIP café culture a vu le jour. « L’idée vient du collectif Culure Barbar, mais le dispositif est piloté par l’État et les collectivités locales. Pour prendre l’exemple Rennais, la ville subventionne le GIP à une certaine hauteur (environ 20 000 € en 2015). N’importe quel bar adhérent (c’est gratuit) et en règle avec la législation, peut ensuite puiser dans ces fonds pour organiser des concerts. »

Autre point positif du dispositif : « plus les musiciens sont nombreux dans le groupe, plus le montant de l’aide augmente. »

Vingt-cinq adhérents, c’est beaucoup non ? « Nous arrivons pas loin derrière Lille et Toulouse. Peut-être parce que les bistrotiers de notre ville ont déjà de la bouteille avec l’expérience de la Fédération des petits lieux de spectacle. »

« Certes, il y a les problèmes d’alcoolisation massive, le manque de curiosité croissant du public vis à vis des concerts, le climat social… », mais ce n’est pas une raison de broyer du noir ou de noyer son chagrin dans l’alcool. « Les patrons de bar ont désormais une voix et celle-ci est entendue. » BarBar Rennes a notamment participé à l’écriture de la charte de la vie nocturne, et attend beaucoup de la création du conseil de la nuit. Trop discrète, comme action ? Que les sceptiques se rassurent, le collectif fait son festival national en novembre, avec un gros crochet par Rennes. Une autre façon de se faire entendre, et aussi de dire que ces invasions BarBar font le maximum pour adoucir les mœurs.

Festival.bar-bars.com / bar-bars.com

JBG

 

DE BONNES VIBRATIONS

Des compilations concoctées par Radio Campus Rennes 88.4 à celles de l’Antipode MJC, les oreilles rennaises en coin sont particulièrement chouchoutées.

Pour Radio Campus Rennes, on peut parler de 9 ans de réflexion. Au sens de reflet, ou de miroir de la créativité locale. Ainsi, depuis 2008, la radieuse radio étudiante ne campe pas sur ses positions et s’en va fureter sur les plates bandes des musiques émergeantes. Le fruit de ses recherches se concrétise dans des petits trésors téléchargeables gratuitement. Au menu des 8e Vibrations électriques, par exemple, dix-huit groupes hétérogènes, dont : Kaviar Special, Columbine, Darjeeling speech, Fat Supper… Vous voulez savoir de quoi sera fait demain ? La madame Irma des musiques actuelles vous attend au 88.4 !

www.radiocampusrennes.fr

Les disquaires indépendants résistent

 Il y a 30 ans, ils étaient près de 3 000. On en recense moins de 400 aujourd’hui en France. Qui trouvent cependant une nouvelle notoriété grâce au regain du vinyle et à la manifestation Disquaire Day. Hormis Paris, Rennes est la ville qui compte le plus de disquaires par habitant. Tour d’horizon de ces irréductibles qui creusent leurs sillons malgré tout.

 

Rockin’ Bones (7 rue Motte Fablet)

Quand on lui demande ce que ça fait d’être l’ancêtre des disquaires rennais (2000), Sébastien Blanchais se marre : « Ça fait peur ! ». Puis, il tempère : « Ça prouve que je ne me suis pas planté sur l’orientation de mon magasin. Tout le monde faisait du CD, moi j’aimais le vinyle. » Son stock avoisine désormais les 10 000 pièces (pour un millier de CD’s) rock’n roll, blues, soul, garage, rockabilly, ska… « Je connais mes disques sur le bout des doigts. » Ni esbroufe, ni prétention chez cet authentique passionné que ses potes surnomment Boogie. Musicien (Head On, Dead Horse Problem), fondateur du label Beast Records, organisateur du Binic Folk Blues Festival, Seb est toujours sur la brèche. « Si tu veux faire des thunes, bouge toi le cul ! Je suis tout seul, ça m’a permis de tenir. Je vis confortablement, mais je bosse 7 jours sur 7. C’est compliqué. Il faut sortir, faire le lien avec les gens. A chaque concert, j’emmène des bacs des skeuds. Je n’ai pas pignon sur rue, mais j’ai des clients fidèles. » D’ailleurs, quiconque est allé dans son antre sise au fond d’une cour invisible de la rue n’a qu’une envie : y revenir.

 

Les Troubadours du Chaos (48 rue Saint-Malo)

Dix ans d’activité, mais l’humeur est maussade. Pas envie de fêter cette longévité. La vitrine est calfeutrée en noir, constellée de slogans « gentiment politisés », dixit le gérant Laurent Fresneau. La faute aux travaux de voirie et au chantier de la place Sainte-Anne. Les passants sont comme peau de chagrin. Et impossible d’envisager un déménagement à cause du coût du pas de porte. Après plusieurs années d’itinérance dans les festivals, les conventions de collectionneurs, les foires aux disques, le parisien se réjouissait pourtant d’implanter à Rennes son commerce original : disques d’occasion (2/3 vinyls, 1/3 CD’s) et vêtements rock’n roll. « Un bon compromis, plus pratiqué à l’étranger qu’en France. » Punk, gothique, coldwave, indus, psycho, rock français 80’s…, toutes ces pépites seront-elles prochainement cantonnées à la VPC sur internet ?

 

Blind Spot – Les Angles Morts (36 rue Poullain Duparc)

« Si je discute avec un directeur de start up, il ne dit pas que ça marche, confie Pierrot, l’un des deux piliers de Blind Spot. On vient d’arriver au Smic cette année, pour 60 heures par semaine ! » Huit ans après leurs débuts, Pierrot et Fred sont pourtant toujours aussi accrocs. « Rennes Musique venait de fermer. Personne n’y croyait. » Ils ont racheté les meubles de  Rennes Musique et monté leur boutique de vinyls exclusivement (2/3 neuf, 1/3 occasion). « A l’époque, on galérait pour avoir des neufs. Aujourd’hui, il y a tellement de trucs qui sortent… », souffle Pierrot. Rock, électro, roots…, Blind Spot se considère généraliste. « On travaille beaucoup le fonds de catalogue, alors que It’s Only est plus sur la nouveauté. Si on fait abstraction du support, ils travaillent plutôt le mainstream et nous le coup de cœur spécialisé. »  Des férus claquent des sommes incroyables pour des collectors. « 850€ pour un disque de folk gaëlique, ou 80€ pour un 45t de Depeche Mode. » Et lors du Disquaire Day, l’événement lancé en 2011 pour soutenir les indépendants, « c’est la seule fois de l’année où il y a la queue devant le magasin ! ».

 

Groove (2 rue Motte Fablet)

Le benjamin des disquaires rennais (25 ans) a ouvert son échoppe en mai 2014. Entre un kebab et un fripier, l’enseigne se remarque à peine. De chaque côté de ce long couloir, uniquement des bacs de vinyls 33 et 45 tours de « black music ». R’n’B, disco, soul, house de Chicago, techno de Detroit, funk des années 80… « Il y avait un créneau à prendre ici, explique  Philippe Fornaguera, parisien d’origine dont les grands-parents vivent à Rennes. Ces styles sont parfois dénigrés mais j’y crois, j’aime les partager. Bien que je sois conscient de connaître moins de choses que mes clients. » Le jeune homme a conclu des accords avec des distributeurs américains pour acheter des disques au kilo. Il y a parfois de la casse dans les piles qui jonchent son comptoir, mais il acquiert ainsi des pressages originaux à des prix imbattables. Comptez 1 ou 2€ pour des 45 tours !

 

It’s Only (3 rue Jean Jaurès)

Malgré un nom inspiré par un hit des Rolling Stones (« It’s only rock’n roll »), It’s Only ne se limite pas au rock. Jazz, classique, musiques du monde, chanson… constituent aussi les 10 000 références de cette boutique ouverte en août 2014 dans les anciens locaux d’Harmonia Mundi. Le CD représente 60% des ventes, le vinyle 40%. « On souhaitait un magasin de disques généraliste qui puisse s’adresser au plus grand nombre », raconte Jean-Michel Gourlay, l’un des trois associés. Lui a dirigé des labels de musique classique chez Universal ou Sony ; ses collègues Richard Dick et Jean-Noël Boulanger ont officié à Virgin Rennes. Une expérience indéniable qui ne présage pas pour autant d’une quelconque facilité. « Les conditions ont changé dans tous les métiers. Qu’est-ce qui est facile aujourd’hui ? A part piller des catalogues sur le Net ! On a fait croire aux gens que la musique était gratuite… Si le lieu existe et perdure, c’est qu’on a mis notre patte. Comme les autres disquaires avec des concepts différents. »

 

Les Enfants de Bohème (2 rue Maréchal Joffre)

Le dernier né (mars 2015) mais pas le plus novice. M. Ploquin était salarié d’Harmonia Mundi jusqu’à sa fermeture en 2013. « Ça nous est tombé sur la tête ; on ne s’y attendait pas du tout. » Après réflexion, il a décidé de replonger à une taille plus modeste sur le créneau chanson, jazz, classique, musiques du monde – majoritairement en CD. « C’est dur. On ne peut pas encore en vivre décemment, mais on tient le choc. Les gens n’ont plus l’habitude d’aller chez un disquaire. Il faut développer le bouche à oreille. » Une fois par mois, il organise donc un concert avec des artistes confirmés (Titi Robin, David Krakauer…) ou des groupes émergents.

 

Eric Prévert