« Et si on créait un festival ? » Au départ, cela ressemblait à une parole lancée en l’air, par un étudiant de Rennes 2 un brin mythomane. Mais le destin a pris Maël Le Goff aux mots, et la comédie dure toujours, vingt ans après la première édition de Mythos. « J’avais 22 ans, étudiant en histoire à Rennes 2. Je pratiquais le théâtre en amateur avec les copains de la fac. Accessoirement, j’étais et je suis toujours fils de conteur. »
Vite convaincu par la vitalité de cette parole contemporaine passée de mode, le Lorientais aura tout aussi rapidement l’occasion de passer à l’acte.


C’est dans le décor magique du Théâtre du Vieux Saint-Étienne qu’il commence à dépoussiérer cette si collante image du conteur moustachu, fumeur de pipe.
« Mon père m’avait donné son invitation pour assister à La Main du serpent, de la compagnie Tuschen. Ce spectacle a renforcé mon envie et ma conviction que la parole des conteurs pouvait être rock’n’roll. »
La première édition confirme son intuition : majoritairement étudiante, et a priori non soupçonnable de sympathie pour le conte à papa, l’assistance connaît le coup de foudre immédiat : « Pour les artistes, il s’agissait d’un nouveau public, et pour le public, d’une nouvelle parole, brute, libre, enracinée dans le monde. » Le festival continuera par la suite de creuser le sillon d’un événement à la fois artistique, festif et branché, notamment dans le Magic Mirror installé place Hoche en 1999. Le vieil art est plus que jamais vaillant, il souffle même un vent de nouveauté chez les partenaires toujours plus nombreux : le Pôle Sud à Chartres-de-Bretagne, le Grand Logis à Bruz, la Péniche Spectacle à Rennes, et tant d’autres à venir, taquineront désormais la muse des mots avec Mythos.

Les sirènes pop de la chanson française commencent elles aussi à se faire entendre, arme fatale du festival pour attirer les spectateurs dans le saint des saints : le paradis des mots dits. Vingt ans, et combien de temps forts ? Maël Le Goff entend encore le silence assourdissant du public hypnotisé par les mots bleus du crooner Christophe, sous le Magic Mirror du Thabor ; il se souviendra longtemps de cette phrase entendue auprès de spectateurs avouant être venus pour voir Bénabar, mais tellement heureux d’avoir découvert Gérard Pottier.
Le programmateur a atteint sa cible et touché une corde sensible : « Pour moi, Mythos est le trait d’union entre les Trans Musicales et Mettre en scène. »
Un subtil dosage entre conte et chanson ; un esprit convivial et festif ; un goût pour les prises de risques et les partis pris artistiques prononcés… La formule est là, vieille recette de grand-père remise comme par magie au goût du jour. Le moins que l’on puisse dire est qu’elle rameute les foules.